Les jeux de management sportif se partagent un marché relativement niché, dominé par le géant Football Manager (à juste titre) et peuplé d’imitateurs. Souvent de piètre qualité, bon nombre de ces jeux misent sur le mot « Manager » pour assurer un retour sur un investissement modeste. Tennis Manager 2024 fait-il figure d’exception?
Votre carrière commence en créant votre avatar et en lui attribuant des compétences. Vous pouvez ensuite choisir ou créer une académie et recruter quelques joueurs (et/ou joueuses), dont un(e) que vous entraînerez personnellement.
Une fois la partie lancée, le travail ne fait que commencer. Votre mandat: recruter des entraîneurs, des préparateurs et du personnel médical, inscrire vos joueurs à des tournois, les y accompagner et réinvestir les bourses gagnées dans votre académie. Les options sont variées et il faudra du temps pour tout se payer.
Mais est-ce que c’est amusant?
Rendons d’abord à César ce qui lui revient: pour un jeu de management, Tennis Manager est beau. Le moteur graphique utilisé pour les matchs est confortablement en tête de peloton lorsqu’on le compare à la concurrence. Qui plus est, le style de jeu des joueurs est cohérent, pour ne pas dire réaliste, grâce à une belle variété de coups. En ajoutant à cela des effets sonores crédibles, on obtient une expérience de match particulièrement immersive pour ce genre de jeu.
C’est particulièrement impressionnant quand on sait que les premiers Tennis Manager ont été développés pour mobile uniquement.
Les animations, en revanche, sont inégales. La balle devient par exemple invisible quand vient le temps de la lancer en l’air pour servir et on verra parfois un coup de raquette à un mètre de la balle la renvoyer de l’autre côté du terrain comme si de rien n’était. C’est toutefois la norme dans les jeux du genre: le moteur graphique n’est pas un moteur physique.
L’interface des (nombreux) menus, sans réinventer quoi que ce soit au genre, est agréable à l’oeil et raisonnablement bien organisée. L’influence de Football Manager est flagrante, mais on ne s’en plaindra pas. On aura vu bien pire et on n’en demandait pas plus.
Et le management de joueur, dans tout ça? Malheureusement, on ne garde pas le meilleur pour la fin.
Si gérer l’état physique des joueurs n’a rien de sorcier, surtout avec l’aide du personnel de l’académie, il en va autrement sur le plan psychologique. S’entraîner réduit le moral des joueurs à une vitesse qui peut surprendre. C’est d’autant plus vrai pour les joueurs qui sont entraînés par vos employés. Lors de ce test, il n’a fallu que quelques semaines virtuelles pour que le moral de 3 des 6 joueurs entraînés par le personnel de l’académie soit «au plus bas », parfois avant même d’avoir joué un match. La solution? Leur accorder autant de repos que possible, voire des vacances, et limiter l’entraînement à quelques jours par semaine. À croire qu’ils détestent leur travail.
L’autre principal système de psychologie sportive, les causeries durant les matchs, semble pour sa part avoir un impact moins dramatique. Il est possible de motiver votre athlète, de lui dire de se concentrer ou encore de l’invectiver, mais son état psychologique dépendra surtout du déroulement du match… et ne se ressent pas toujours. On verra des joueurs anxieux et stressés réussir des coups de maître et d’autres, dans un état mental idéal, multiplier les fautes directes à un rythme irritant.
Les instructions tactiques (et vous avez beaucoup d’options) ont un impact plus concret sur le style de jeu. Il est agréable de voir votre athlète changer son approche selon vos instructions. C’est probablement l’aspect du jeu qui donne le plus l’impression d’être en contrôle sur le plan sportif.
Répéter l’expérience… et espérer des résultats différents
Malheureusement, du moins dans l’expérience de votre humble serviteur, la défaite est ce qui vous attend plus souvent qu’autrement, peu importe le plan de match.
À son premier match de la saison, notre joueuse principale pour ce test, 113e raquette mondiale chez les femmes, s’est complètement fait laminer par la 204e au classement, pas une fois, mais neuf fois de suite. Un peu déçu d’avoir perdu en deux sets de 6-2, on se sera permis de charger la partie et d’essayer diverses tactiques misant sur ses forces et les faiblesses de sa rivale. Après neuf tentatives et absolument aucun bris de service remporté, on se sera contenté d’une défaite en deux sets de 6-4, de loin notre meilleur résultat. Une condition physique et psychologique optimale et des habiletés supérieures n’auront été d’aucun secours.
Idem au second tournoi, bien que de façon moins brutale, cette fois contre une adversaire accusant 800 places de retard au classement. Il aura fallu prendre part à un tournoi junior très en deçà de notre calibre pour gagner quelques matchs… avant une nouvelle déconfiture en quarts de finale. Peut-être notre joueuse, considérée comme un des meilleurs espoirs du tennis mondial, était-elle simplement surcotée?
Quoi qu’il en soit, en virtuel comme dans le réel, le tennis est un sport individuel qu’on peut qualifier de jeu d’erreurs. On le ressent bien dans Tennis Manager 2024. Les passionnés de tennis pourront y trouver leur compte vu la quantité appréciable de détails à gérer et la qualité technique globale du titre, mais l’expérience peut être frustrante si votre plaisir dépend de vos résultats.
Un simulateur de jeu d’équipe vous permettra de laisser un joueur dans les estrades ou de le substituer quand ses performances sont décevantes, mais dans un jeu de tennis, la seule option est d’endurer la débâcle dans un sentiment d’impuissance. À vous de voir à quel point cela peut nuire à votre plaisir, ou de devenir assez bon pour ne pas perdre à répétition.
Dans l’ensemble, Tennis Manager 2024 est un meilleur jeu que la majorité de ses concurrents directs dans le marché des simulations de management sportif, mais pas forcément au point de s’imposer comme une des références du genre, outre sur le plan graphique.
Tennis Manager 2024
Développeur: Rebound CG
Éditeur: Rebound CG
Plateformes: Windows et macOS (testé sur Windows)
Jeu disponible en français