Si l’on connaît, souvent en long et en large, l’histoire de Roméo et Juliette, il est toujours intéressant de voir comment cette oeuvre majeure de Shakespeare est adaptée pour correspondre aux valeurs de l’époque, mais aussi aux moyens techniques disponibles. Voilà donc que le FIFA, le Festival international du film sur l’art, propose une plongée dans les coulisses de l’adaptation de ce classique pour l’opéra.
Dans Roméo, Juliette, Thomas et les autres, on suit Thomas Jolly, un metteur en scène français bien connu, alors qu’il tente de monter cette version chantée de l’oeuvre romantique et dramatique bien connue.
Jusque-là, rien d’extraordinaire: les documentaires sur la production de spectacles sont nombreux, et finissent tous, forcément, par se ressembler un peu. Ceci étant dit, la réalisatrice Priscilla Pizzato sort son arme (semi) secrète: la force du montage.
C’est effectivement avec un montage réalisé de main de maître que Mme Pizzato nous promène, de la conception des décors à la grande première, sans oublier les répétitions, les auditions pour les danseurs, les transformations techniques, les moments où il faut s’adapter…
Et à travers tout cela, en 60 minutes bien tassées, on voit donc la quasi-totalité du processus de création. Encore mieux, la réalisatrice intercale ici et là des séquences qui ne correspondent pas à la « ligne du temps » du documentaire, avec des avancées, des reculs…
Le résultat est impeccable: le cinéphile est transporté avec l’équipe, a l’impression de les fréquenter, en quelque sorte. Et l’accès très vaste dont a disposé la cinéaste et son équipe permet de vivre autant les grands comme les petits moments, comme ce bref instant où, à la suite de la répétition d’un monologue de Roméo, on voit une larme couler le long de la joue du metteur en scène…
Ce que Roméo, Juliette, Thomas et les autres permet, en fait, c’est de redécouvrir cette oeuvre. Non pas de la voir comme un classique, voire comme un cliché, mais comme une transposition, à une période bien précise de notre histoire, d’une histoire d’amour intemporelle entre deux personnes que tout sépare. Une histoire d’amour qui se terminera en tragédie, certes, mais l’amour n’est-il pas toujours un peu triste, en un sens?