Deux ans après la première déclinaison télévisuelle des aventures journalistiques (et policières) de l’Américain Jake Adelstein dans les rues animées de Tokyo, voilà que la deuxième saison de cette télésérie riche en rebondissements vient de se conclure, avec une finale qui laisse présager d’une troisième (et possible) dernière offre haletante.
Tokyo, donc; les souvenirs étaient un peu confus depuis 2022, et la série n’offre pas de récapitulatif en son début de deuxième saison, mais, très largement, Jake (Ansel Elgort) s’est lié d’amitié avec Hiroto Katagiri un détective obsédé par sa traque des yakuzas (Ken Watanabe), une obsession qui entraîne d’ailleurs non seulement son grisonnement accéléré, mais aussi la lente destruction de sa famille.
Après avoir été qui passé à tabac, qui privé d’un collègue abattu par les mafieux, nos deux hommes tentent de poursuivre leur traque des malfrats, mais constatent bien rapidement que le cadre plus que rigide des institutions japonaises est un frein conséquent à leurs actions.
Rien de nouveau sous le soleil (levant), peut-être, mais cette fois, on ressent vraiment cette frustration et cette fatigue vécue par nos protagonistes, pendant que les pourris et les ripoux, eux, gagnent en grade et utilisent leur influence et leur pouvoir pour parvenir à leurs fins.
Et voilà sans doute, avec cette frustration, l’élément central de cette saison. Autant Jake que le policier, ou encore Samantha, l’amie de Jake qui tente d’ouvrir un club d’hôtesses, se heurtent constamment à des portes closes. Et non seulement le système semble contre eux, ils risquent jusqu’à leur vie s’ils tentent de s’affranchir des contraintes qui les accablent.
Cela étant dit, on sent une certaine lourdeur, peut-être, dans cette deuxième saison. Déjà, la première déclinaison faisait largement l’impasse sur les questions journalistiques racontées dans le livre d’Adelstein – ce qui est logique, pour une série télé grand public –, mais cette fois, on sent plutôt que tous les personnages évoluent dans un contexte trop rigide pour leur propre bien, avec parfois des gestes qui, à nos yeux d’Occidentaux, semblent inutiles ou déplacés.
Bien entendu, nous sommes ici confrontés à une nouvelle culture, une autre façon de faire, mais l’immobilisme généralisé a de quoi frustrer, d’autant plus qu’on a parfois l’impression que les scénaristes étirent indûment les choses pour se rendre jusqu’à la fin de la saison. Cela est clairement mis en évidence lorsque le personnage principal rentre chez lui, dans le Midwest, et que l’on nous démontre clairement qu’il existe une autre réalité que celle de Tokyo. Une réalité, qui plus est, qui est non seulement accessible, mais qui est tout aussi valide que celle qui se trouve à des milliers de kilomètres de là.
C’est peut-être cela, la dualité du journalisme: dans un monde idéal, chacun serait à la fois indispensable et remplaçable, puisque le travail des médias, le fait de lever le voile sur les malversations et les manigances des puissants, est une oeuvre collective.
Malgré ses quelques défauts, Tokyo Vice demeure une très bonne série télé mêlant les impératifs du journalisme, du travail de policier et du monde interlope japonais. Un produit qui s’éloigne de l’oeuvre originale, certes, mais dont le traitement est largement à la hauteur des attentes.