Les membres de la communauté masculiniste détournent des études scientifiques pour recentrer et valider leurs croyances erronées à propos des femmes, selon une nouvelle étude l’École d’anthropologie et de conservation de l’Université du Kent.
Les travaux en question, publiés dans Evolutionary Human Sciences, démontrent comment les recherches sur le comportement des femmes – et plus particulièrement celles sur des comportements sexuels comme l’infidélité – sont passées au crible par la sphère masculiniste, en ligne, pour justifier des croyances antiféministes et misogynes.
À l’opposé, les recherches à propos des comportements sexuels masculins sont sous-examinées, ce qui démontre l’existence d’un double standard.
Cette sphère masculiniste est un réseau de sites web, de blogues et de forums de discussion promouvant la masculinité, la misogynie et les croyances antiféministes. L’influenceur et misogyne autoproclamé Andrew Tate est l’un des exemples connus de personnes influentes au sein de cette sphère, rappellent les chercheurs.
Les célibataires involontaires (les « incels ») sont aussi considérés comme des membres de cette communauté; l’existence de ce groupe est d’ailleurs de plus en plus répandue au sein du grand public, depuis quelques années, notamment dans la foulée d’attentats et d’attaques perpétrées par des hommes se réclamant de ce mouvement.
Au dire des auteurs des travaux, leurs conclusions cimentent un portrait inquiétant pour ceux qui sont vulnérables et pourraient être influencés par des acteurs de cette sphère masculiniste.
Les chercheurs impliqués dans l’étude, soit l’étudiant au doctorat Louis Bachaud et la Dre Sarah Jones, mettent en garde les scientifiques à propos des façons dont leurs travaux pourraient être mal interprétés, sur internet. Ils offrent, du même coup, des conseils pour combattre ces détournements intellectuels.
Cela inclut des recommandations sur la façon de rédiger leurs travaux et des encouragements pour que les chercheurs touchés par ce phénomène s’attaquent publiquement aux mauvaises utilisations de leurs conclusions.
Selon Louis Bachaud, « la nature hypothétique de la science du comportement est toujours obscurcie. La sphère masculiniste sort des hypothèses de leur contexte et les enchâsse dans leurs doléances, leurs expériences personnelles et leur vision sexiste du monde. Il y a une tendance à représenter les femmes comme étant davantage influencées que les hommes par la biologie, en plus d’utiliser davantage un regard basé sur l’évolution pour les femmes, mais rarement pour les hommes et leurs comportements ».
« Cette étude n’est que le premier pas visant à lutter contre les appropriations complexes de la science au sein de la sphère masculiniste. »