C’est un peu la reprise que l’on n’avait pas vu venir: plus d’une décennie après la sortie du film Scott Pilgrim vs The World – et la publication du roman graphique ayant servi d’inspiration au long-métrage –, voilà que Bryan Lee O’Malley, celui-là même qui a dessiné les aventures du Torontois dans la vingtaine, propose huit épisodes animés basés sur la même histoire… Enfin, c’est ce que l’on tente de nous faire croire.
Car Scott Pilgrim Takes Off joue la carte du gros revirement de situation à la fin du premier épisode; il en résulte non seulement une suite, en quelque sorte, mais aussi une version qui se déroulerait dans une réalité alternative. Difficile, dans ces conditions, d’en dire long sur le scénario, si ce n’est que cette nouvelle déclinaison permettra d’explorer plus en détail les personnalités et l’histoire des différents méchants du film et du roman graphique, soit les fameux « sept ex-fréquentations maléfiques » de Ramona Flowers, la livreuse de colis dont Scott tombe amoureux.
Pour l’occasion, tous les personnages principaux retrouvent leur interprète du long-métrage: Michael Cera, Mary Elizabeth Winstead, Kieran Culkin, Anna Kendrick, Brie Larson, Alison Pill, Aubrey Plaza, Brandon Routh et autres Jason Schwartzman prêtent donc tous leur voix. Et le résultat correspond à l’équivalent de retrouver des amis que l’on avait perdu de vue depuis longtemps.
Le problème, en fait, c’est que cette nouvelle mouture ne correspond ni au film, ni au roman graphique, qui était déjà plus complet que le long-métrage, contraintes cinématographiques obligent. Et donc, si l’on espérait retrouver les gags de l’époque, ou encore les mêmes aventures d’un Scott Pilgrim un peu niais, il faudra passer son tour.
D’un autre côté, il n’y a rien de mal à renouveler la formule; après tout, dans le film original, les méchants passaient en coup de vent, et même Scott était un peu unidimensionnel, le roman graphique étant aussi une plateforme pour multiplier les références à la culture populaire, et surtout aux jeux vidéo d’une certaine époque.
Mais en voulant largement renouveler l’offre, la série télé se perd dans les dédales de son propre scénario. Bien honnêtement, si l’on apprécie quand même cette nouvelle vision, on se rend aussi compte que les épisodes, à l’exception du premier et des deux derniers, sont passablement ennuyants. Ironiquement, même en disposant des capacités illimitées de l’animation, O’Malley et son collègue BenDavid Grabrinski semblent s’imposer des restrictions qui n’ont pas lieu d’être. Il faut oser! Surprendre le spectateur! Et ce n’est pas en se référant au scénario original que l’on viendra sauver la mise.
Autre problème: la trame musicale a été largement remplacée par des compositions originales. On peut imaginer que l’on ne souhaitait pas payer les droits pour Beck et les autres groupes que l’on pouvait entendre dans le film, mais en changeant le scénario, en changeant la musique, et en escamotant le personnage principal pendant la quasi totalité de la série, qu’espère-t-on obtenir, comme résultat?
Si tout n’est pas à jeter dans cette série, Scott Pilgrim Takes Off a des allures d’hommage raté. On préférera se tourner vers les romans graphiques, justement, ou encore vers le film, pour revivre cette époque d’insouciance.