Le développeur d’un jeu vidéo de guerre demande qu’on cesse de l’utiliser pour diffuser de fausses informations sur le conflit israélo-palestinien.
Missiles dans un ciel nocturne, duo d’hélicoptères abattus, explosions de diverses natures : depuis le 7 octobre, de nombreuses séquences vidéo présentées comme ayant été filmées à Gaza, sont en réalité des extraits du jeu Arma 3. De nombreux journalistes vérificateurs de faits l’ont souligné, mais dans l’intervalle, ces séquences ont été partagées des millions de fois sur les réseaux sociaux par des gens qui n’ont pas pris le temps de vérifier la source. Une séquence a été vue, à elle seule, 3 millions et demi de fois sur TikTok.
La compagnie qui développe ce jeu vidéo, Bohemia Interactive, basée en République tchèque, a publié une note à ce sujet le 10 octobre — en fait, une mise à jour d’une note qu’elle avait publiée au début de la guerre en Ukraine. Elle en profite pour rappeler que sa plateforme est « ouverte », ce qui veut dire que les usagers peuvent créer du nouveau contenu (armes, uniformes, appareils, etc.) à partir des paramètres déjà existants — incluant « un conflit historique, présent ou futur ». Cette « liberté », reconnaissent les développeurs, est ce qui rend Arma 3 « très capable de répandre des fausses nouvelles ».
Depuis la guerre en Ukraine, « nous avons tenté de combattre de tels contenus en signalant des vidéos aux plateformes » comme Facebook, YouTube, Twitter et Instagram. Mais, ajoutent-ils, « c’est très inefficace ». La compagnie dit travailler avec les « principaux médias et vérificateurs de faits ».
À défaut de chercher si un vérificateur de faits en a déjà parlé, la compagnie ajoute qu’il reste possible de repérer quelques drapeaux rouges lorsqu’il s’agit d’une vidéo tirée d’un jeu, que ce soit le sien ou celui des autres:
- la faible résolution d’une image d’un jeu vidéo;
- la caméra tremblante parce que, « pour ajouter un effet dramatique », les auteurs vont filmer l’écran sur lequel la séquence vidéo est en train de jouer, ce qui accentue les mouvements « involontaires » de la caméra;
- ça se passe presque toujours la nuit, parce qu’il est ainsi facile de cacher « le niveau insuffisant de détails » du décor;
- sans sons, parce que ceux d’un jeu vidéo sont faciles à distinguer de la réalité;
- sans des êtres humains qui bougent, parce que « bien que le jeu puisse simuler le mouvement des véhicules militaires », simuler le déplacement d’une personne « est encore très difficile ».