Même si plusieurs villes canadiennes, dont Montréal, ont adopté une politique dite « vision zéro », qui vise la disparition des accidents graves et des collisions mortelles impliquant des piétons, il y a encore loin de la coupe aux lèvres en matière de sécurité de ces personnes. Ainsi, selon les plus récentes données de Statistique Canada, ce sont plus de 300 personnes qui sont mortes lors de collisions, chaque année, entre 2018 et 2020.
Dans une note d’information publiée lundi, l’agence fédérale rappelle que « les piétons, comme d’autres usagers de la route vulnérables tels que les cyclistes et les motocyclistes, courent un risque plus élevé de blessures ou de décès lorsqu’ils sont impliqués dans une collision liée au transport que les autres usagers de la route, en raison du manque de protection de l’enveloppe extérieure d’un véhicule ».
Pour tracer le portrait des circonstances ayant mené à la mort de ces piétons, Statistique Canada dit s’appuyer sur les rapports des différents coroners et médecins légistes, d’un océan à l’autre.
Selon les données colligées, les piétons ont été plus nombreux que les piétonnes à succomber à leurs blessures lors de collisions, entre 2018 et 2020, soit 1,01 décès pour 100 000 personnes chez les hommes, contre 0,61 pour 100 000 chez les femmes.
« Le taux de décès de piétons augmentait généralement avec l’âge, et les personnes âgées de 70 ans et plus étaient les plus susceptibles d’être victimes d’un incident mortel impliquant un piéton. Le taux de mortalité était particulièrement élevé chez les hommes de 70 ans et plus (2,65 décès pour 100 000 personnes) comparativement à ceux de 69 ans et moins (0,80 décès pour 100 000 personnes). À titre de comparaison, chez les femmes de 70 ans et plus, le taux de mortalité était de 1,68 décès pour 100 000 personnes », mentionne Statistique Canada dans sa note d’information.
Selon l’agence, cela peut s’expliquer par une diminution de la force musculaire, de l’équilibre, de la vision et de l’ouïe chez ces populations, sans compter un allongement du temps de réaction. De fait, « ces vulnérabilités rendent plus difficile de voir la circulation venant en sens inverse, de se déplacer à pied rapidement et d’évaluer correctement les distances ».
Sans grande surprise, c’est aux intersections que les piétons courent le plus de risques de se faire frapper, et de mourir des suites de ces accidents, révèlent les données fédérales. Ainsi, pendant la période étudiée, environ un accident mortel sur cinq (21 %) s’est produit à ce type d’endroit, soit à l’intersection d’au moins deux routes publiques, ou encore dans un rond-point.
Et si certaines victimes n’avaient pas respecté les signaux de circulation au moment de l’accident qui leur a coûté la vie, les coroners ont indiqué que certaines morts étaient survenues même en suivant les consignes et les signaux indicateurs.
Des facteurs de risque en cause
Toujours au dire de Statistique Canada, dans près des deux tiers des décès, des facteurs de risques étaient en cause lors des accidents ayant coûté la vie à des piétons, qu’il s’agisse de comportements à risque de la part des victimes elles-mêmes (consommation de drogue ou d’alcool, par exemple), la mauvaise météo, le mauvais état des routes ou de la circulation, une visibilité réduite, des problèmes d’infrastructures routières, etc.
Dans 40 % des cas, au moins deux facteurs de risque ont été recensés par les coroners. Dans le tiers des cas, cependant, aucun facteur n’a été signalé.
Cela ne veut pas dire que le piéton ou le conducteur du véhicule impliqué ne prenait aucun risque, mais plutôt que les informations associées n’ont pas été versées au dossier du coroner.
Par ailleurs, lorsque les facteurs de risque ont été recensés, des problèmes de visibilité non liés à la météo, comme le fait que le piéton portait des vêtements sombres, ou était caché par un élément du décor, ont été évoqués comme ayant joué un rôle dans un accident mortel dans 17 % des cas.
La consommation d’alcool ou de drogue, elle, aurait joué un rôle dans la mort d’environ 20 % des piétons décédés sur les routes canadiennes, que ce soit du côté de la victime ou du conducteur du véhicule impliqué.
« Bien que l’heure du jour au moment de la collision n’ait pas toujours été déclarée, la consommation d’alcool, de cannabis ou d’autres drogues par les piétons ou par le conducteur a été plus souvent mentionnée parmi les décès de piétons survenus la nuit, de 18 h à 5 h 59 (38 %), comparativement à ceux qui se sont produits le jour, de 6 h à 17 h 59 (11 %), ou lorsque l’heure de la journée n’a pas été précisée (16 %) », mentionne ainsi la note d’information.
Enfin, lors des accidents, qui impliquaient des voitures dans près de la moitié des cas (47 %), les conducteurs ont fui les lieux du drame environ 1 fois sur 12, soit dans 8 % des cas. Dans certains cas, lorsque le véhicule impliqué était de type commercial ou lourd, le chauffeur ne savait même pas qu’il avait heurté une personne et a poursuivi sa route.