Une étude conclut que la géoingénierie — ou l’idée de jongler avec les systèmes climatiques de la planète — pourrait effectivement contribuer à ralentir le réchauffement… mais conclut aussi, sans surprise, qu’il y aurait des conséquences imprévisibles.
Qu’il s’agisse de répandre des tonnes de dioxyde de soufre dans la haute atmosphère ou de déverser des tonnes d’hydroxyde de magnésium dans l’eau, les expériences — réelles ou envisagées — de géoingénierie visent les mêmes cibles: retarder le réchauffement, soit en réduisant la quantité de rayons du Soleil qui atteignent le sol, soit en absorbant une plus grande quantité de carbone.
En théorie, comme l’ont écrit plusieurs chercheurs depuis une décennie, ça se tient, et c’est aussi ce qu’on lit dans une nouvelle étude parue le 17 octobre dans la revue Geophysical Review Letters: répandre de l’eau de mer dans les nuages ferait en sorte que les stratocumulus au-dessus des océans renverraient davantage de rayons solaires vers l’espace, atténuant ou même stabilisant la hausse des températures.
Le problème est que, comme ces nuages sont inégalement répartis au-dessus des océans, ça augmenterait considérablement les précipitations en Australie et en Inde tout en les diminuant en Indonésie, au Congo et au Brésil —entre autres. Dans le cas du Brésil, une diminution des pluies pourrait transformer de façon dramatique l’Amazonie, là où des décennies de déforestation ont déjà considérablement perturbé ses écosystèmes.
Il s’agit d’une simple modélisation informatique, préviennent les auteurs, mais le problème de la géoingénierie est précisément là: toutes les expériences menées jusqu’ici ont été à petite échelle, alors qu’une première expérience à grande échelle —comme celle qu’ils ont modélisée— comporterait des risques. Des risques qui, par la force des choses, n’ont jamais pu être testés dans le monde réel.
C’est sans compter le facteur politique: quel pays sera le premier à se lancer dans une telle expérience à grande échelle, sachant que les impacts ne se produiront pas uniquement au-dessus de sa tête?