Il y a des œuvres théâtrales qui se font avec peu de moyens, un couple d’acteurs, quelques projections de photos, à peine de la musique et un texte magnifique, drôle, sensible, intelligent, en apparence désordonné, mais en réalité magnifiquement construit.
C’est dans le cadre du Festival interculturel du conte de Montréal que le public a eu la chance d’assister à ce petit trésor qu’est Marie sur le pavé. Comme un conte, oui, mais qui s’inscrit dans la réalité de plusieurs personnes, toutes aussi attachantes les unes que les autres. Sur une période de sept années assez douloureuses, des petits moments de vie intense faits du pas grand-chose des événements du quotidien.
Sous prétexte de raconter une histoire qu’elle avait entendue de son imposante et un peu effrayante professeure de français quand elle était encore à l’école, Michèle Nguyen – accompagnée de son compère Gaétan Van Den Berg – entraine le spectateur dans la découverte de tout un univers.
Il y est question d’amour, de préparations culinaires pour les personnes qu’on aime et encore plus lorsque son adolescente est anorexique, d’innombrables jeux qui découlent de simples mots et du poids de certains d’entre eux, de la magie de la photographie lorsqu’il s’agit de cadrer quelque petit objet abandonné dans une caisse ou sur le pavé après un marché aux puces, de souvenirs d’enfance, de générosité pour des personnes qu’on traite injustement d’égoïstes, d’amitiés improbables alors que tout semble nous opposer.
Le dialogue qui s’adresse au public est superbement interprété par les deux acteurs qui composent ces deux amis que tant de choses opposent. Les réflexions sont profondes. On aimerait toutes les attraper aux passages pour méditer plus longuement sur chacune. Et puis transversalement à ce dialogue il y a l’histoire de Martha, cette cuisinière de la maison dont elle ne quitte pas la cuisine, à qui le petit Grégoire a fait le plus beau des cadeaux pour qu’elle reste dans la famille…
Si la photographie c’est écrire avec de la lumière une seconde d’éternité, l’œuvre de Michèle Nguyen, Marie sur le pavé, c’est aussi un peu d’éternité écrite avec les mots qu’il faut.
Marie sur le pavé de Michèle Nguyen
Festival interculturel du conte de Montréal
Avec Michèle Nguyen, et Gaétan Van Den Berg