L’opportunisme du producteur Jason Blum continue de se faire grandement sentir dans cette fade adaptation de la très populaire franchise de jeux vidéos Five Nights at Freddy’s où, comme bien d’autres avant lui, on se contente du concept en s’assurant presque entièrement de dénuer l’ensemble de toutes parts de plaisir.
La réalisation satisfaisante et soignée de Emma Tammi n’est pas le problème. L’ensemble se regarde allègrement, la direction photo de Lyn Moncrief prend régulièrement avantage des rares sources lumineuses dans ce récit qui se déroule majoritairement la nuit et le rythme inégal est surtout dû à l’intérêt défaillant du scénario pour nous garder attirés, ou, à l’instar du protagoniste, éveillés.
La base reste là: on suit un gardien de nuit qui essaie de survivre face à de gigantesques créatures animatroniques. Ces créatures, d’ailleurs, gracieuseté de nul autre que la compagnie de Jim Henson, sont carrément géniales, bourrées de détails et prouvant que le CGI ne peut jamais réussir à battre tout ce qui est fait concrètement et, surtout, réellement.
Sauf qu’histoire de rendre le tout grand public et accessible, on a décidé de développer beaucoup plus l’histoire de ce gardien de nuit en question, s’éloignant du jeu vidéo (comme on a préféré attribué son histoire à un autre personnage). On l’a donc lié à l’histoire d’enlèvement d’enfants qui planait également dans le jeu, avec une prémisse qui rappelle étrangement The Black Phone, oui-oui, une autre production de Blumhouse.
Non pas que ce dernier surprenait quiconque avec le concept (tout l’inverse d’un The Invisible Man par exemple, également de Blumhouse), mais avec à peine quelques années d’intervalle, on se dit qu’il y a des limites à faire preuve de manque d’originalité. Incorporer à l’ensemble des rêves qui aident à élucider un mystère et des enfants qui parlent aux esprits (comme quoi l’ombre de Shyamalan n’est malheureusement jamais trop loin).
D’autant plus que cette exploitation des traumas réels pour en faire des films d’horreur (la base première du genre horrifique, après tout) commence à faire pitié, considérant qu’on en fait davantage des suspenses dramatiques. Ici, c’est d’ailleurs encore plus nébuleux, puisque comme les jeux vidéos attiraient surtout les enfants, on a essayé de rendre le tout le moins terrifiant et le plus accessible possible.
Ainsi, on se retrouve avec une production qui ne sait pas sur quel pied danser et qui finit par écarter toute possibilité de plaisir. Alors qu’on s’amuse maladivement à reconstituer une époque révolue, on n’en tire jamais avantage, on écarte presque toutes possibilités d’humour et on étire tellement les apparitions des personnages animés pour bien développer les humains qu’on finit par ennuyer.
Les acteurs font pourtant de leur mieux. Bien que limité, Josh Hutcherson, qui s’est avéré prometteur dès ses premiers films il y a 20 ans déjà, est relativement convaincant dans la peau de ce jeune homme torturé. Si on aurait pris davantage de la folie de Matthew Lillard (ce retour aux sources évoquant Scream est certainement palpable), Elizabeth Lail fait vite oublier la piètre télésérie You et apporte une énergie non négligeable à l’ensemble, alors que la jeune Piper Rubio réussit le pari d’être une jeune fille attachante et loin d’être agaçante, ce qui est assez rare au cinéma.
On se désole donc de cet autre proposition générique et sans trop de surprises de Blumhouse, soignée, mais vite oubliée. D’autant plus qu’il y avait moyen de s’amuser bien plus avec le ridicule souvent évident de bien des revirements (après tout, et vous ferez vos recherches, le concept n’est-il pas né d’une forme d’autodérision?).
5/10
Five Nights at Freddy’s prend l’affiche en salle ce vendredi 27 octobre.