Qui a dit que le rock mêlant grosses guitares, orgue et moustaches bien fournies n’existait qu’aux États-Unis des années 1960 et 1970? Ce style indémodable trouve maintenant un terreau de la fertile bien plus au nord, en Suède, chez le groupe Svartanatt. Faites passer votre amplificateur à 11, le quintette débarque d’ailleurs prochainement avec son troisième album, Last Days On Earth.
Il y a vraiment quelque chose d’immortel dans cette musique collant à une époque de grandes transformations économiques, politiques et sociales. Ce rock libéré, explorateur, audacieux, parfois déjanté… Ce rock qui colle à la peau, fait hocher la tête et se dandiner. Ce rock qui donne envie de se laisser engloutir par la vague de notes émergeant des haut-parleurs.
Better days are coming, chantent ainsi nos Suédois sur la 11e et dernière pièce de ce nouvel album, qui sera mis en vente en novembre. On aurait bien envie de les croire, entre deux passages endiablés à la batterie, voire même des cuivres spécialement ajoutés à cette piste. Sommes-nous dans du rock agrémenté de quelques substances psychotropes? Sommes-nous dans du bon gros rock sale? Ou encore dans un hommage bien senti aux Doors, mais aussi à CCR, ou encore, plus près de nous, à Black Mountain – surtout pour cet orgue tout aussi viellot qu’agressif?
I want to go where I belong, chantent encore nos hirsutes compagnons dans cette aventure musicale. Et au premier abord, on pourrait effectivement se demander où il est possible de caser ce groupe à travers la constellation rock. Après tout, nos gaillards s’inspirent très, très largement de formations vieilles de 50, voire de 60 ans; ils sont aussi frondeurs, à l’instar des gars de The Darkness, mais sans le côté glamour un brin kitsch du band britannique. Et impossible de ne pas établir un parallèle avec l’énergie des Australiens de King Gizzard and the Lizard Wizard, même si, du côté du style, ce serait difficile d’être autant aux antipodes.
Non, Svartanatt a clairement cultivé son propre style, un style que l’on imagine passablement raffiné pour ce troisième album du groupe. Et ce style cogne dur. En fait, on a un peu l’impression de courir après son souffle, tellement la musique est endiablée, tellement les notes se succèdent rapidement, tellement les baguettes retentissent sur les divers tambours, caisses claires et cymbales de la batterie.
Last Days On Earth est la preuve que les belles années du rock ne sont jamais mortes. À preuve, ces cinq Suédois un peu cinglés qui jouent comme si leur vie en dépendait. Après tout, ce serait leurs derniers jours sur Terre. Du moins, c’est ce qu’on dit!