Les banques faisant état de profits élevés lors des périodes de prospérité économique pourraient prendre des risques plus importants, avec leurs portfolios, ce qui pourrait mener à des problèmes lors d’une future mauvaise passe financière, selon une nouvelle étude notamment réalisée par un chercheur de l’Université du Michigan.
Évaluer les risques des banques en fonction de ces profits rapportés, écrivent les chercheurs, pourrait représenter un ajout simple aux autres outils utilisés par les organismes réglementaires évaluant la santé des institutions financières.
Les auteurs des travaux ont utilisé des données provenant de diverses crises financières, y compris celles frappant les secteurs de l’épargne et des prêts, à la fin des années 1980, la crise de 2007 à 2010, ainsi que celle qui a frappé des banques régionales américaines, plus tôt cette année. Les chercheurs ont aussi examiné la crise de la dette russe, en 1998, ainsi que celle de la dette souveraine en Europe, de 2008 à 2011.
Dans chaque cas, ils ont utilisé les profits d’une banque lors des « mauvais jours » de la crise comme mesure de ses risques, soit l’ampleur des pertes encaissées par une banque lors d’un événement extrêmement négatif et soudain, avant de lier cela au rendement de la même banque, pendant l’année qui a précédé la crise.
Ils ont ainsi découvert que les banques avec le retour sur investissement le plus important, une année avant la crise, avaient des résultats encore moins enviables durant la crise.
Plus simplement, si les banques étaient davantage rentables lors de bonnes périodes, elles étaient plus à risque lors de mauvaises passes.
C’est pourtant une approche tentante, tant que les bons moments se poursuivent: les banques engrangent plus de profits et génèrent de l’argent qui est distribué aux gestionnaires et aux actionnaires. Mais les auteurs de l’étude soutiennent que ces banques détiennent alors des actifs qui sont plus à risque, et les financent avec de plus importantes implications pour maximiser leurs retours, alors lorsque la fête prend fin, la performance des banques est bien pire.
Au dire des spécialistes, la cause immédiate de chaque crise permet souvent d’expliquer facilement la mauvaise performance d’une banque pendant cette période spécifique, mais le fait de se concentrer sur les retours sur investissement sert d’indicateur pour l’ensemble des crises examinées.
« Dans l’ensemble notre message consiste à s’en pendre aux puissants incitatifs expliquant la prise de risque dans le secteur bancaire, et pas seulement de s’intéresser aux causes immédiates », mentionne Amiyatosh Purnanandam, coauteur de l’étude.
Resserrer la surveillance
« Des exigences plus importantes en matière de capitaux propres et une surveillance plus étroite des banques très rentables, lors des périodes de croissance économique, pourraient s’avérer être des outils réglementaires utiles. »
Toujours selon M. Purnanandam, il est nécessaire d’aller plus en profondeur parce que trop souvent, les autorités réglementaires et les décideurs politiques livrent « la dernière bataille » lorsqu’ils mettent de l’avant une série de nouvelles règles pour régler les problèmes associés à une crise spécifique. La prochaine crise, affirme le chercheur, « provient d’un autre endroit du système financier, et nous finissons par la manquer ».
Par exemple, les institutions réglementaires ont largement progressé pour éviter la prise de risque excessive sur le marché hypothécaire après la crise financière mondiale. Mais le récent effondrement de la Silicon Valley Bank est imputable à des risques excessifs liés aux taux d’intérêt et au fait de s’appuyer sur des dépôts non assurés.
L’idée centrale de l’étude, affirment M. Purnanandam et ses collègues, consiste à proposer une approche qui est plus simple et moins sujette à manipulation. Par exemple, l’étude note que le fait de moins signaler les risques ne pourrait être accompli qu’en signalant moins les profits, ce qui nuirait à la capacité de distribuer les dividendes aux gestionnaires et actionnaires.
« Aucune mesure n’est parfaite », dit-il. « Nous n’affirmons pas que notre mesure est la seule qui fonctionne, ou qu’elle est parfaite pour détecter les risques. Mais nous espérons qu’elle soit simple et utile, suffisamment pour que les décideurs politiques y prêtent attention. »
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