Dieu merci, David Lowery n’aura rien perdu de son indéniable sensibilité en joignant les rangs d’Hollywood et surtout de la grosse machine qu’est Disney. Mieux, son adaptation actuelle de Pete’s Dragon, un film familial musical d’autrefois mariant prises réelles et dessins animés, dans la lignée de Mary Poppins, pourrait difficilement être un film pour la famille plus adorable et rassembleur. Pour ceux qui l’auraient raté, voici la chance de le voir ou le revoir avec bonheur.
Certes, on ne passera pas quatre chemins. Si le scénario est d’une grande tendresse, son côté conventionnel ne passe pas inaperçu et le long-métrage a à peine le tiers du sens du risque que possédait un long-métrage comme le trop peu connu, mais pourtant grandiose Ain’t Them Bodies Saints. Pourtant, de par son charme et son cœur grand comme Elliot, le dragon en question, voilà un des rares longs-métrages familiaux d’aujourd’hui qui a la forte capacité de devenir un classique comme ceux de notre jeunesse qui savent encore nous faire rêver. Bien loin devant ses trop nombreux confrères, devenant l’exception à toutes ces reprises dénuées d’âmes qu’on nous refait comme le plus récent The Jungle Book qui nous font plutôt regretter avec mélancolie nos jours d’antan.
Jouant sur les prémisses habituelles du deuil, du mystère et de la curiosité, si le film pousse un peu trop le symbolise de la famille, il réussit avec doigté l’observation des amitiés non conventionnelles en créant grâce à Pete et Elliot une relation qu’on chérira pendant longtemps.
Oui, le jeune Oakes Fegley est plus nuancé que la majorité des comédiens de son âge, mais c’est surtout le dragon qui vole constamment la vedette en étant la créature fictive la plus attachante et la plus mignonne qu’on aura vu autant au grand qu’au petit écran. Elliot est créé avec une telle minutie, un sens du détail tellement raffiné et une expertise technologique qui passe son temps à épater qu’on en ressort le souffle coupé et le cœur rempli, regrettant rapidement de ne pas recevoir autant de nos animaux de compagnie qui, à ses côtés, font franchement pâle figure, que ce soit en affection et/ou en dévotion.
Si le côté plus écologique qu’on trace à gros traits se mêle aux aspects pointant du doigt le capitalisme du 21e siècle, le film n’est pas sans rappeler un King Kong beaucoup plus familial, trouvant en Karl Urban un méchant assez prononcé. Néanmoins, la distribution est très bien dirigée, la jeune Oona Laurence est douce, Robert Redford est d’un réconfort absolu et, étrangement, même Wes Bentley et Bryce Dallas Howard parviennent à être tolérables.
Il faut dire que les douces compositions du surdoué qu’est Daniel Hart tout comme des nombreuses pièces folks (particulièrement Nobody Knows des Lumineers) qui s’incrustent bien dans le récit doivent aider pour beaucoup, tout comme du rythme soutenu qui marie habilement l’aventure au suspense, tout comme l’humour au drame, s’avérant tour à tour trépidant et bouleversant. Il ne faut donc pas se surprendre si les larmes viennent à se pointer à plus d’une reprise que ce soit autant pour les petits que pour les plus grands.
Comme à ses habitudes, Disney a fourni son édition Blu-Ray d’une tonne de suppléments incluant des bloopers, des scènes supprimées et même des vidéoclips. Toutefois, l’édition DVD est particulièrement pauvre, ne trouvant qu’un sympathique petit segment making of d’environ deux minutes qui parle de la création du dragon, tout comme de plusieurs de ses attributs particuliers.
Pete’s Dragon est donc un film familial d’une grande réussite, une relecture du mythe de l’enfant sauvage, mais fait avec toute la douceur des plus beaux contes qu’on a envie de raconter et montrer encore et encore aux touts petits.
7/10
Pete’s Dragon est disponible en DVD et combo Blu-Ray et DVD depuis le 29 novembre.