Le fait de visionner des contenus à caractère sexuel publiés par des influenceurs, sur Instagram, augmente les sentiments négatifs et du mécontentement corporel des jeunes femmes, en plus de promouvoir des effets négatifs chez les internautes féminins, au-delà de la volonté de maigrir et d’être attirantes.
Une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de l’Université Flinders, et publiée dans Body Image, vient ainsi souligner l’impact négatif des images sexualisées sur les médias sociaux, ainsi que la nécessité de mettre en place des règles plus strictes en ce qui concerne les contenus publicitaires publiés par des influenceurs, et plus spécifiquement des influenceuses.
« Certaines influenceuses font la promotion de produits de compagnies de lingerie et de bikinis, et il existe des inquiétudes croissantes à propos de la nature ouvertement sexuelle des images qui sont publiées sur les médias sociaux », affirme la professeure associée Ivanka Prichard.
« Ce problème est amplifié par la popularité d’Instagram chez les jeunes adultes, entre 18 et 34 ans, qui sont plus de deux milliards à utiliser l’application chaque mois. »
L’étude s’est penchée sur l’effet du visionnement d’images de mode normales, ainsi que d’images où des vêtements suggestifs sont mis de l’avant (de la lingerie ou des bikinis, le tout présenté de façon lascive), le tout publié par les mêmes influenceuses, sur l’état d’esprit et le sentiment du mécontentement corporel des jeunes femmes.
Des femmes âgées de 17 à 25 ans ont été recrutées en ligne pour l’étude, et ont fourni des estimations, à la fois avant et après l’expérience, de leur état d’esprit et de leur sentiment de satisfaction par rapport à leur corps, en plus d’indications portant sur la comparaison de leur apparence avec celle d’autres personnes, et de leur niveau d’auto-objectivation, c’est-à-dire leur tendance à se considérer davantage comme un objet qu’un être humain.
« Le fait d’être exposées aux images publiées par les influenceuses a entraîné une détérioration de l’estime de soi, une augmentation du mécontentement corporel, une hausse des cas de comparaison de l’apparence, ainsi que du niveau d’auto-objectivation, comparativement à l’exposition à des images de contrôle », mentionne la Pre Prichard.
Les femmes appelées à se désabonner
« De plus, le fait de consommer ces images sexualisées a eu des conséquences encore plus importantes que le fait de regarder des photos de mode ordinaires provenant de ces influenceuses – et cela, en choisissant seulement des images à peine sexualisées, pour des raisons éthiques, plutôt que particulièrement sexualisées, avec des poses encore plus explicites. »
« L’implication la plus évidente, juge la chercheuse, est le fait que les femmes devraient être incitées à limiter leur exposition à de telles images, et à se désabonner des influenceuses qui publient ce genre de contenus. Il existe un bassin croissant de preuves indiquant que même une courte pause d’Instagram peut avoir des avantages considérables. »
Du côté des politiques publiques, il existe plusieurs dispositions déjà en place, notamment en Australie, où un nouveau code d’éthique pour les annonceurs est entré en vigueur le 1er février 2021. Ledit code interdit l’utilisation d’images ouvertement sexualisées pour faire la promotion de produits. Cependant, cela ne s’applique pas aux contenus créés par des utilisateurs, et n’a donc pas d’effet sur les images publiées sur Instagram par des influenceuses.
Au dire de la Pre Prichard, on pourrait affirmer que les influenceurs et influenceuses, qui obtiennent des avantages financiers importants de la part des annonceurs qui retiennent leurs services, devraient être assujettis aux mêmes normes que les autres annonceurs.
« Les conclusions de notre étude soulignent l’impact négatif de l’exposition à des images sexualisées, ce qui est une part croissante des réseaux sociaux, de nos jours, et qui entraîne une multiplication des comparaisons sociales à ce genre d’images », a-t-elle ajouté.
« Nous avons clairement démontré que les effets de la sexualisation vont au-delà de la question de l’attractivité. Ces conclusions illustrent la nécessité d’études supplémentaires et d’une réglementation resserrée pour la publicité des influenceurs sur les médias sociaux. »