Dans l’univers des jeux de tir à la première personne, Outlaws, paru en 1997, occupe une place pour le moins particulière. L’un des rares, très rares exemples du genre à se dérouler dans une ambiance de Far West, la création des défunts studios LucasArts divertit, mais ne passe pas tout à fait à l’histoire.
Shérif à la retraite, James Anderson voit son existence réduite en cendres lorsque des bandits, voulant le pousser à vendre sa ferme pour y faire passer le train, tuent sa femme, kidnappent sa fille et incendient sa demeure. Déterminé à se venger, l’homme longiligne s’embarquera dans une croisade meurtrière jusqu’à sa sanglante (et logique) conclusion.
Bâti comme un long western, Outlaws enfile les décors variés et les sbires à abattre à travers une dizaine de missions. D’une petite ville plantée en plein désert aux canyons caverneux, en passant par un train en marche, ou encore un fort installé en montagne, notre héros évolue dans des environnements typiquement western, certes, mais suffisamment différents les uns des autres pour éviter de sombrer dans la monotonie. Utilisant les capacités graphiques du moteur Jedi développé pour Dark Forces, sorti deux ans plus tôt, Outlaws n’a hélas pas droit à la même palette de couleurs que son illustre prédécesseur. Nous sommes dans l’Ouest américain, après tout: les teintes varient quelque peu, mais c’est brun, et c’est brun longtemps.
C’est plutôt côté son et musique que le jeu démontre son ambition: conçu comme un hommage aux westerns spaghetti, Outlaws n’hésite pas un instant à saluer les grands du genre, y compris Ennio Morricone, compositeur immortel aux trames musicales inestimables. Dégommer des méchants sous un soleil de plomb, le six-coups à la main et la musique de western dans les oreilles; quoi de mieux pour se plonger dans cet univers?
Quant à l’environnement sonore, celui-ci comporte son lot de petites attentions: le bruit du tir qui part quelques fractions de seconde avant d’entendre la balle s’encastrer dans le bois ou rebondir sur une paroi métallique semble aller de soi, mais les développeurs oublient souvent de faire preuve de cette minutie. Dark Forces, d’ailleurs, avait commis une impasse un peu absurde: le bruit des tirs de pistolaser arrivait en même temps que le trait lumineux. Pas de quoi lancer son clavier et sa souris sous le coup de la frustration, mais un manquement suffisant pour y repenser encore, plusieurs années plus tard.
Bref, le son.
Outlaws est aussi un digne représentant des jeux de tir de cette époque: le jeu est difficile, voire très difficile. Attendez-vous à mourir à de très nombreuses reprises, y compris en mode « facile ». Quant aux « boss » de fin de niveau, n’en parlons même pas: foncer en vidant son chargeur équivaut à un aller-simple pour la morgue. Et comme dans Dark Forces, le jeu est allongé inutilement en y ajoutant une série de leviers à abaisser et de clés à trouver. Les clés, passe encore. Mais tourner en rond pendant deux heures en cherchant le bon levier, le bon bouton pour débarrer la porte secrète parfaitement visible sur le plan, mais aussi parfaitement inatteignable, cela tombe très rapidement sur les nerfs.
Disponible sur GOG.com pour 5,99 $ US avec la mini-expansion des « missions historiques », Outlawsfonctionne très bien sur un système moderne, même si un peu de vaudou sera nécessaire pour éviter que le jeu ne panique en détectant plus d’un écran. Petit bogue, cependant: le son des séquences cinématiques débute alors que le visuel ne suit pas. On évite le décalage, mais on perd une partie des images, ce qui est particulièrement frustrant du fait que ces cinématiques ne durent que quelques secondes.
Outlaws trouvera sa place dans la collection du passionné, ne serait-ce que parce qu’il est l’un des rares représentants du genre western à exister dans l’univers vidéoludique.