Peut-être aurait-on dû renommer carrément la pièce. Peut-être aurait-on dû faire disparaître le nom de l’auteur original de l’oeuvre. Car ce Macbeth, traduit par Michel Garneau et surtout mis en scène par Angela Konrad à l’Usine C, c’est l’exemple frappant de la mauvaise bonne idée pour « moderniser » le théâtre.
Macbeth, pièce fleuve, oeuvre phare du Barde, un récit de gloire, mais aussi sur l’usure du pouvoir et le plongeon dans la folie, est ici présentée comme un « capharnaüm-rock existentiel ». Il ne fait aucun doute que le mot essentiel est « capharnaüm ». Car dans la petite salle de l’Usine C, on a droit à une ambiance de fin du monde. Les acteurs hurlent, geignent, gémissent, se baladent en tous sens en gesticulant… et le pauvre public essaie d’y comprendre quelque chose.
Essentiellement, on aura trop voulu moderniser, plonger au fond des choses, examiner de trop près la notion de folie présente au coeur de la pièce de Shakespeare. Adieu textes déclamés avec hauteur et profondeur dans un style légèrement ampoulé, voici que nos comédiens s’engueulent en joual sur fond de musique rock et de projections vidéo. On y chante, même, dans cette pièce, histoire de passer le temps, entre deux moments où l’un des acteurs joue le chien que l’on abreuve d’injures.
Dans les gradins, beaucoup de jeunes étudiants, un couple de jeunes qui rigole devant cet amalgame à la limite de l’incompréhensible, et quelques gens qui finiront par jeter l’éponge et quitter la salle en plein coeur de cette représentation de deux heures sans entracte.
Pourquoi a-t-on l’impression que ces deux heures de Macbeth, certainement une version raccourcie des cinq actes de l’oeuvre originale, sont malgré tout trop longues? Pourquoi va-t-on jouer certains événements importants dans la salle principale voisine, vide pour l’occasion, plutôt que de montrer l’action directement sur scène sans passer par le truchement de caméras?
Pourtant, on remarque certains bons moments. Certains échanges entre les personnages principaux qui permettent à la pièce de prendre un peu de hauteur, de s’élever au-delà de l’incompréhensible mélange qu’on s’obstine à nous servir. Voilà pourquoi il aurait été sage de changer le titre de la pièce. Ce faisant, on aurait évité les comparaisons avec l’oeuvre du maître, et l’expérience en aurait sans doute été plus agréable.
Pour les amateurs de théâtre trash, où tout est permis, la pièce roulera à l’Usine C jusqu’au 17 décembre. Pour les autres, l’adaptation cinématographique de l’oeuvre mettant en vedette Michael Fasbender est encore à l’affiche aux Cinémas du Parc et Beaubien.