Il semble que l’expression « construire un pont entre deux cultures » ne date pas d’hier. En effet, il y a plus de 500 ans, Leonardo Da Vinci avait dessiné les plans et proposé de construire un pont sur le Bosphore dans le but, ni plus ni moins, de réunir l’Orient et l’Occident. Jugé trop ambitieux, ce pont ne fut jamais construit.
Mais les projets d’envergure sont difficiles à oublier et ne voilà-t-il pas que l’inénarrable ensemble Constantinople s’est mis dans la tête de réaliser ce pont, non pas avec biques et pierres, mais avec de talentueux musicien.nes. C’est donc à la rencontre de la musique italienne et de celle de l’Empire ottoman que le public était convié mardi soir dernier à l’Église Saint-Enfant-Jésus du Mile-End.
L’Ensemble Constantinople est réputé pour proposer des programmes inédits et surprenants. On le connaît souvent inspirant, parfois entraînant, toujours virtuose. Ce soir-là, il était tout cela, en plus d’être drôle. Un fait marquant, au-delà des soli qui ont permis à toutes et chacun d’être bien mis.es en valeur ? La participation du magnifique ténor italien Marco Beasley qui se greffe à l’ensemble comme s’ils travaillent ensemble depuis 20 ans. Quelle complicité! Et quelle versatilité chez ce chanteur aux multiples couleurs vocales. Tantôt sérieux et presque effacé, tantôt drôle et presque bouffon, son jeu ne se déploie jamais aux dépends de sa musicalité.
Et que dire du duo vocal entre Tabassian et Beasley? Je ne sais toujours pas si on peut écrire « frissonnatoire » (mes poils viennent à peine de se coucher à nouveau sur mes bras). Sinon, on peut toujours parler de magie. De longues minutes a capella d’une communication parfaite entre deux chanteurs plus qu’inspirés. Une réverbération musicale parfaite entre deux voix si différentes et si complémentaires. Un long moment de pur bonheur… qu’on aurait aimé voir se prolonger.
Petit bémol à la soirée qui a commencé en retard : Kiya Tabassian s’est gentiment adressé à l’auditoire pour parler de ce qu’on allait entendre et pour présenter les musicien(ne)s, mais on peinait à bien le comprendre dans cette grande nef. Il lui aurait fallu un micro.
Je l’ai dit plus tôt, tous ont eu leur moment de gloire dans cette soirée, mais je ne peux m’empêcher de mentionner, comme je l’ai fait en 2021, l’immense talent de Didem Basar qui joue du kanun comme une déesse.
Voici le reste de la distribution :
Tania Laperrière, violon et viole d’amour
Fabio Accurso, luth
Marco Ferrari, flûtes
Patrick Graham, perscussions.