La Guerre civile américaine a beau avoir pris fin il y a bientôt 160 ans, les divisions persistent, aux États-Unis, y compris sous la forme de l’acceptation de la violence politique. Selon une nouvelle étude réalisée par des chercheurs de la Northeastern University, les habitants des anciens États confédérés (au sud) sont ainsi davantage ouverts à cette idée de résoudre les divergences politiques par les armes.
L’autrice de l’étude, Alauna Safarpour, a aussi constaté que les résidents de ces anciens États confédérés sont aussi davantage portés à juger qu’il est justifiable de participer à des manifestations violentes, dès maintenant, comparativement aux anciens États de l’Union.
« Une proportion choquante d’Américains semblent penser que la violence politique pourrait être justifiée, et pourrait même être justifiée en ce moment », a déclaré Mme Safarpour.
Cette dernière, en compagnie de collègues ayant travaillé au COVID States Project, une démarche rassemblant plusieurs universités qui a permis de sonder des Américains vivant dans les 50 États, ont interrogé plus de 20 000 personnes entre le 22 décembre et le 17 janvier derniers à propos de leur appui en faveur de manifestations violentes contre le gouvernement fédéral.
Les réponses des participants ont été regroupées en fonction de l’État d’origine des participants, à savoir si cet État était confédéré, membre de l’Union, ou un État frontalier, c’est-à-dire un État esclavagiste qui n’a pas fait sécession. Les Américains vivant dans des États qui n’existaient pas, au moment de la guerre, n’ont pas été pris en compte dans le cadre de cette étude.
Les chercheurs ont découvert que les résidents d’anciens États confédérés étaient davantage portés, par environ 2 %, à affirmer qu’il était « probablement » ou « définitivement » justifié de commettre des actes de violence politique lors de manifestations contre le gouvernement. Quant aux habitants des États frontaliers, ceux-ci étaient plus favorables à cette violence par une proportion de 3 %.
Interrogés à savoir s’il était justifiable de participer immédiatement à des actions violentes contre le gouvernement fédéral, 12 % des habitants des anciens États confédérés ont ainsi répondu « oui », contre 10 % chez les habitants des ex-États frontaliers et 9 % chez les Américains installés dans des anciens États de l’Union.
Selon Mme Safarpour, bien que le nombre total de résidents affirmant que les manifestations violentes contre le gouvernement peuvent être justifiables était relativement faible, soit environ un répondant sur cinq, cela n’enlève rien à la gravité des conclusions.
« Ce que le 6 janvier (l’émeute au Capitole, NDLR) a rappelé, c’est que même une petite proportion d’Américains engagés à commettre des actes de violence contre le gouvernement peuvent causer du tort », a-t-elle déclaré.
« Nous l’avons aussi constaté avec d’autres gestes de violence politique, comme l’attaque contre le représentant Steve Scalise et le mari de Nancy Pelosi. »
La chercheuse enseigne d’ailleurs au Gettysburg College, qui a été attaqué par les soldats confédérés pendant la guerre, en plus de servir d’hôpital de campagne lors de la bataille de la ville, connue pour sa violence et son nombre de tués. De plus, Mme Safarpour dit avoir observé des touristes venus visiter le site de ladite bataille, en portant des vêtements ornés du drapeau des Confédérés.
« Il est difficile de vivre ici et de ne pas penser à ce que l’histoire américaine peut avoir comme impact sur les politiques nationales, de nos jours. »
« Je crois que les attitudes liées à la violence politique sera un thème de recherche récurrent parce que cela a un impact majeur sur la santé de notre démocratie », a-t-elle ajouté.