Huit ans après la sortie de Turbo Kid, un film de science-fiction post-apocalyptique made in Quebec mettant en vedette nul autre que Michael Ironside, s’il vous plaît, voilà qu’aux éditions Front Froid, on publie l’intégrale des aventures dessinées publiées au fil des ans pour accompagner le long-métrage.
Avec Rkss et Jeik Dion à la barre, ces récits, qui se déroulent tous dans cet univers de désolation, de destruction, de violence sanguinolente et de vélo ayant fait la notoriété du film au festival Fantasia, à l’époque, sauront plaire aux amateurs du genre. Rapides, efficaces, superbement mises en images et dégoulinantes d’hémoglobines, ces histoires – l’équivalent de courtes nouvelles littéraires – s’enchaînent agréablement, sans empiéter sur le scénario du film. À peine aura-t-on droit à une brève aventure avec le personnage un peu déconnecté de Laurence Leboeuf, mais c’est tout.
On saluera aussi l’excellente histoire qui prépare le terrain en vue de la sortie du jeu vidéo, présentement en développement chez le studio montréalais Outerminds; en fait, il s’agit probablement du récit le plus complet, le plus fouillé. Autrement, le monde post-apocalyptique, c’est bien, mais la force de Turbo Kid n’a jamais été sa profondeur scénaristique, ni son côté déprimant. Pour cela, on peut peut-être chercher du côté de Mad Max Fury Road, ou encore de The Road.
Non, Turbo Kid a toujours été un film d’aventures pour enfant, mais avec un « petit » quelque chose en plus: une quantité excessive de violence et de tripes qui éclaboussent. Jouissif? Certes. Mais cela crée-t-il une impression durable, au-delà du public des festivals? Il est tout à fait permis d’en douter.
C’est un peu ce qui se passe avec cette intégrale « bédéesque »: le visuel est sans faille, la violence aussi, mais les récits s’enchaînent sans que nous ne développions un attachement aux personnages… à l’exception de la dernière histoire. Mais puisque celle-ci sert d’assise à un jeu vidéo, sommes-nous en train de tricher, en un sens?
Sanglante à souhait et magnifiquement dessinée, cette oeuvre pousse paradoxalement à déplorer le fait que l’univers de Turbo Kid a toujours semblé s’appuyer sur de l’esbroufe, plutôt que sur quelque chose de plus solide qui aurait permis de créer un véritable univers.