À l’occasion de reconcevoir la présentation du musée sur le thème de l’engagement lors du colloque international Communicating the Museum (CTM) du 15 au 18 novembre dans la ville de Québec, les participants étaient conviés à une visite du nouveau pavillon du Musée national des beaux-arts de Québec (MNBAQ) .
Sur Grande Allée, le nouveau pavillon semble suspendre un mur rideau de verre de 12 mètres de haut. Entré dans le hall, à gauche, au bas d’un mur de béton, le vestiaire se trouve dans une cellule verte. Au niveau zéro, l’architecte de l’Office for Metropolitan Architecture (OMA), Shohei Shigematsu a donné une conférence dans l’auditorium de 250 sièges. Ouverte par ses fenêtres à l’espace vertical et lumineux du foyer, la salle se situe au fond de l’édifice.
Le défi architectural consistait à dessiner un pavillon qui allait s’inscrire dans l’«artéfact» de la ville de Québec. Non loin de l’avenue commerciale Cartier, le site fait face à la ville tout en se raboutant aux étendues vertes vallonnées des Plaines d’Abraham. Voisine d’une grande église, la nouvelle architecture ne devait pas dépasser le clocher en hauteur par respect pour le monument. N’empêche que son rideau de verre emboîte une partie d’une bâtisse liée à l’église qui abrite la cellule verte du vestiaire.
Après plusieurs propositions de forme, dont le triangle rectangle rappelant un morceau de fromage, les architectes ont misé sur l’idée du monde parallèle. Si on trace un quadrillé sur la surface de la ville, les architectes ont levé la case du terrain en question pour le plier en accordéon. Ainsi, le pavillon est fait en forme d’escalier de manière à laisser la ville s’allonger dans le hall et les trois toits gazonnés décliner vers les plaines créant un effet de cascade.
Le tunnel sous-terrain blanc permettant de se rendre au MNBAQ présente le triptyque de 40 mètres de long du peintre Jean-Paul Riopelle, Hommage à Rosa Luxembourg (1992).
Déambuler
À la suite de la conférence de l’architecte Shohei Shigematsu, les participants au colloque se sont entassés dans l’ascenseur géant doré. Au troisième étage, le contingent de visiteurs occupait l’espace entre les œuvres de la section design. À la section d’art inuit, on pouvait s’arrêter un instant, pivoter la tête et l’incliner pour observer les sculptures en os et pierre à savon sous des cloches de verre angulaires.
En descendant un étage, c’est le visiteur qui se trouve sous une cloche de verre. L’escalier dans une cage de verre rectangulaire ressort de l’édifice créant un effet similaire à l’escalier roulant dans un tunnel au Centre Pompidou à Paris. Au deuxième étage, les divisions offrent des îlots plus intimistes pour contempler les œuvres d’art contemporain. On y retrouve une sculpture de David Altmejd et une vidéo de Patrick Bernatchez, deux artistes qui ont été exposés au Musée d’art contemporain de Montréal (MAC) l’année dernière.
L’escalier long de trois séries de 15 mètres de marches tourbillonne telle une spirale blanche faisant graviter les plateaux, apparaissant comme une sculpture de l’extérieur. Avant de rejoindre le groupe pour l’apéro au niveau zéro, un arrêt dans les deux salles d’exposition temporaire au rez-de-chaussée faisait oublier le colloque le temps d’y être.
Dans la salle d’art contemporain, je suis tombé sur quatre adolescents qui se posaient à l’aide d’un appareil photo de qualité devant un mur de miroirs carrés mus par des moteurs dissimulés qui brisent le charme de la réflexion.
Avec l’œuvre Poursuivre le hors-champ (2008) de Gwenaël Bélanger, le MNBAQ a attiré quatre jeunes sans recourir à l’«entertainment» de Ethan Angelica de Museum Hack et sans collaborer avec un chanteur populaire, tel que Adel Ziane et Anne-Laure Beatrix du Musée du Louvre l’ont fait avec will.i.am.
Si l’on se fie à cette scène, une nouvelle architecture et une œuvre d’art optique suscitent la créativité des jeunes, sans avoir recours à des extras.