Depuis 2010, le développeur Frictional Games a fait paraître trois jeux dans la franchise Amnesia, raffinant la formule (et les graphiques) un peu plus à chaque nouvelle itération, mais The Bunker, le quatrième et plus récent titre, est assurément le meilleur de la série à ce jour.
Dès les premières minutes, Amnesia: The Bunker nous propulse dans le feu de l’action, soit dans les tranchées, le 9 juillet 1916, en pleine Première Guerre mondiale et au beau milieu d’une offensive de l’armée allemande. Dans le jeu, on incarne un soldat français nommé Henri Clément qui, suite à un traumatisme crânien, perd la mémoire. Cherchant refuge contre les tirs ennemis, l’homme s’engouffre dans un bunker, dont l’entrée s’effondre immédiatement après son passage en raison d’une explosion dévastatrice. L’endroit est anormalement désert, et on n’y croise de prime abord que des cadavres. On doit trouver de la dynamite et un détonateur afin de dégager la sortie et parvenir à quitter cette prison souterraine, mais c’est évidemment plus facile à dire qu’à faire, surtout que, malgré les apparences, on n’est pas seul, et un terrible monstre semble hanter les corridors.
Présenté dans une vue subjective à la première personne, Amnesia: The Bunker ne révolutionne peut-être pas la formule du jeu d’horreur, mais il propose une expérience redoutablement efficace. Les ressources à notre disposition sont assez rares, exacerbant l’aspect survie du titre, et même si l’on incarne un soldat, on n’a que peu de défenses face au monstre hantant les lieux à la recherche de proies. L’ambiance est lourde et oppressante, et des secousses fréquentes se font sentir, comme si le bunker allait s’effondrer d’une minute à l’autre. L’excellent travail au niveau de la trame sonore contribue également au sentiment général d’angoisse. Des grattements au loin, le son d’une respiration lourde se rapprochant ou des grognements bestiaux et inhumains augmentent le niveau de terreur ressenti dans cet enfer souterrain.
En plus d’être complètement coupé du reste du monde, le bunker est plongé dans l’obscurité la plus totale. Pour s’éclairer, on est seulement muni d’une lampe de poche à manivelle, qu’il faut crinquer manuellement, et dont la lueur ne dure jamais bien longtemps. L’utiliser pour se diriger dans ce véritable labyrinthe constitue un couteau à double tranchant, puisque le bruit qu’elle produit attire la mystérieuse et dangereuse bête vers notre position. On dispose bien d’un pistolet pour se défendre, mais on trouve très peu de balles, et il faut les charger manuellement, une par une, dans le barillet. Pire, faire feu sur le monstre ne le tue pas, mais ne fait que le ralentir, et nous accorder un peu plus de temps pour fuir.
On récolte une variété d’objets en explorant les lieux. En combinant deux morceaux de tissu par exemple, on fabrique un pansement pour soigner nos blessures. Les grenades peuvent ralentir le monstre, ou encore détruire des portes verrouillées. On utilise les bidons d’essence trouvés çà et là pour alimenter la génératrice, et fournir brièvement du courant à travers certaines parties du bunker. On peut également enflammer les flaques d’essence se trouvant au sol afin de créer une barrière protectrice temporaire. Toutefois, on ne dispose que de sept espaces dans notre inventaire, et il faut choisir les items que l’on souhaite garder sur soi. On a tout de même accès à un coffre pour stocker le reste de notre attirail en sécurité.
En explorant les différentes pièces de l’abri souterrain, on tombe sur des notes et des photos de plus en plus troublantes qui racontent le drame s’étant déroulé dans le bunker. On ramasse aussi des plaques d’identité sur les cadavres des soldats et souvent, un code se cache derrière, dont la combinaison déverrouille un casier ou une porte. Certaines mécaniques sont volontairement alambiquées afin d’augmenter le sentiment de vulnérabilité. On ne peut sauvegarder notre progrès que dans une seule pièce, en utilisant une lampe à pétrole. L’unique carte des lieux se trouve également dans cet endroit. Le jeu est assez court, soit moins d’une dizaine d’heures, mais comme il existe plusieurs façons de surmonter la plupart des obstacles et que le titre nous invite à faire preuve d’inventivité et à expérimenter, l’expérience offre une certaine rejouabilité.
L’horreur a trouvé le médium parfait avec les jeux vidéo qui, en raison de leur interactivité, s’avèrent bien plus terrifiants que n’importe quel film, et si vous aimez les sueurs froides et l’épouvante, vous serez comblé avec Amnesia: The Bunker, un titre qui n’est définitivement pas pour les cœurs sensibles.
8/10
Amnesia: The Bunker
Développeur : Frictional Games
Éditeur : Frictional Games
Plateformes : PlayStation 4, Windows, Xbox One, Xbox Series S/X (testé sur Xbox Series X)
Jeu disponible en français (textes à l’écran seulement)
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