Les gens de chez Trepang sont de retour, avec la version finale – ou, du moins, la version « complète » – de leur jeu Trepang2, dont la version de démonstration, rendue publique l’an dernier, avait fait beaucoup parler. Et si les moments d’action sont largement toujours excitant, le reste, lui, l’est un peu moins.
Comme dans ce qui avait été proposé en juin 2022, donc, le joueur commence son aventure dans une prison secrète, dont il s’évade à l’aide de mystérieux assaillants, mais aussi grâce à des superpouvoirs pouvant s’avérer particulièrement utiles.
Ici, les amateurs de FEAR, cet excellent jeu de tir à la première personne, seront en terrain connu: non seulement est-il possible de devenir invisible – ce qui évoque plutôt Crysis –, mais notre protagoniste dispose d’une méthode pour ralentir le temps tout en conservant une bonne partie de sa vitesse. En gros, les développeurs ont réintroduit le bullet time, inspiré de The Matrix, et qui était disponible dans quantité de jeux, au tournant des années 2000.
Bullet time, explosions spectaculaires et armes puissantes, la recette du succès? Le jeu tire clairement tout le jus possible de l’engin graphique Unreal 4, du moins en ce qui concerne les explosions, les ondes de choc, l’éclairage dynamique, et les parties plus ou moins nombreuses de nos ennemis qui vont éventuellement nous recouvrir de sang et de tripes, si nous utilisons tous les trucs à notre disposition pour massacrer allègrement ces soldats anonymes.
On appréciera aussi le côté absolument déjanté consistant à foncer sur les ennemis, bien souvent en glissant au sol, au détriment des lois de la physique (et en jouant de la friction), histoire de les faire s’envoler dans les airs et les transformer en cibles qu’il est ensuite beaucoup plus facile de cribler de balles. Certes, il s’agit d’une habitude à prendre, des décennies de FPS à saveur militaire nous ayant appris à se cacher derrière une caisse pour recharger, mais Trepang2 n’a que faire de nos vieux réflexes dépassés. L’heure est à la violence, et violence, il y aura.
Là où les choses se gâtent, c’est que Trepang2 prétend avoir une campagne, au cours de laquelle le joueur effectuera une série de missions pour s’attaquer à un mystérieux groupe, celui-là même qui nous maintenait prisonnier, en début de partie. Sauf qu’on a beau chercher le fil conducteur, on a beau chercher la finesse, même notamment avec des transitions, ou des personnages auxquels il est possible de s’attacher – ou de détester profondément, comme cet ingénieur logiciel haïssable au possible, dans FEAR –, on ne trouve rien d’autre qu’une série de missions qui finissent toutes par se ressembler un peu.
On peut concevoir que les développeurs, qui forment une petite équipe, ont décidé de se concentrer sur l’action et les séquences de tir, ce qui est tout à fait correct. Mais peut-être qu’alors, Trepang2 aurait pu s’en tenir au scénario classique de la tentative d’évasion d’une prison. Bref, ne pas se lancer dans une série complète de missions contre un groupe puissant et organisé, alors que lesdites missions tiennent ensemble avec du ruban adhésif.
La pauvreté scénaristique de Trepang2 n’enlève rien à la grandiloquence de ses séquences de combat, qui sont d’autant plus impressionnantes qu’il s’agit d’un jeu indépendant, loin des productions AAA. Mais il faut toutefois être au fait de ce que l’on achète; que les amateurs d’histoires bien ficelées passent leur chemin.
Trepang2
Développeur: Trepang Studios
Éditeur: Team17
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Interface offerte en français