Un meurtre. Ou, plutôt, deux meurtres. Mais de la même personne? Ou, en fait, de deux personnes portant le même nom. Dans la comédie noire Maggie Moore(s), réalisée par John Slattery (anciennement de Mad Men, depuis peu reconverti à un rôle derrière la caméra), un policier désabusé tentera de résoudre un mystère en apparence un peu idiot, mais qui prendra une tangente sinistre.
Dans une petite ville américaine, donc, deux femmes appelées Maggie Moore sont assassinées, la seconde peu de temps avant la première. Si les soupçons s’étaient d’abord portés sur Jay Moore, le mari de la première Maggie, qui peine à faire fonctionner sa franchise d’une chaîne de restaurants de sous-marins, le deuxième décès viendra brouiller les cartes.
À travers tout cela, le chef de la police du coin, joué par Jon Hamm (lui aussi un ancien de Mad Men), est un homme seul et esseulé depuis le départ de sa femme. Appelé à enquêter, il tombera peu à peu sous le charme de Rita, la voisine des Moore (le premier couple), interprétée par Tina Fey.
En compagnie de son adjoint, Reddy (Nick Mohammed, l’acteur britannique mieux connu pour son rôle dans Ted Lasso), le shérif Jordan Sanders avance peu à peu dans son enquête, tout en affichant la dégaine d’un Jon Hamm passé du rôle de génie de la pub à policier ou enquêteur débonnaire. Les gags succèdent aux revirements scénaristiques, et toute cette structure vogue quasi paisiblement vers la fin et le dénouement de notre histoire.
Ultimement, Maggie Moore(s) n’est pas une histoire consistant à surprendre le public avec l’identité du meurtrier à la toute fin; les cinéphiles en sauront en fait plus que les policiers du début à la fin. Non, on cherche plutôt à savoir si Hamm et son confrère réussiront à mettre la main au collet de notre grand méchant.
Et cela pourrait fonctionner par lui-même, dans un monde idéal. Le hic, c’est que le film, s’il n’affiche pas énormément d’ambition, souffre d’une trop grande disparité tonale. Entre le policier à la recherche d’un sens à son existence, la finale particulièrement violente qui détone, et le gérant médiocre et légèrement bedonnant d’un casse-croûte qui finit par être responsable de deux enquêtes pour meurtre en raison d’une entente jamais vraiment expliquée avec un pédophile, le film s’égare.
Ce qu’il reste de tout cela, une fois le générique affiché à l’écran, est un divertissement sympathique d’environ 90 minutes, soit juste assez de temps pour sourire à plusieurs reprises, rigoler une fois ou deux, et se dire que Jon Hamm semble avoir beaucoup de plaisir à se jouer lui-même.