Par sa beauté, sa poésie et le voyage initiatique, presque mystique, auquel il nous convie, After Us, un titre mélangeant puzzles, exploration et expérience de plateformes, rappelle énormément le jeu culte Journey.
Nous faisant incarner une petite fille aux cheveux blancs nommée Gaia, After Us nous plonge dans un monde postapocalyptique transformé en immense dépotoir à ciel ouvert, que seuls les esprits spectraux des animaux semblent encore habiter et où il ne reste de l’humanité que des corps pétrifiés. Le but du jeu est de réanimer cette planète morte, en libérant la force vitale des réceptacles où elle est emprisonnée, et en ensemençant ce désert de fin du monde des graines d’une nouvelle vie. Si la trame narrative est assez simple, ce fil conducteur est toutefois suffisant pour justifier à lui seul l’expérience qui en découle, en plus d’être lourd de sens en cette époque où nous constatons chaque jour un peu plus les ravages de la pollution et les bouleversements climatiques qu’elle cause.
After Us est d’abord et avant tout un jeu de plateformes. En plus d’être ouverts, les environnements exploitent davantage la verticalité que les autres titres du genre, et on se retrouve souvent à sauter parmi les îlots de béton et les véhicules flottant dans les airs, ou à jouer à saute-mouton sur des grues mécaniques se trouvant à des hauteurs vertigineuses. Ce genre d’expérience n’est pas toujours évident quand il prend place dans des décors s’affichant en 3D, mais les développeurs ont eu l’excellente idée de placer un cercle blanc juste en dessous de notre personnage quand celui-ci saute, ce qui permet de savoir exactement où l’on atterrira et augmente la précision des commandes. Il faut dire que les points de sauvegarde sont généreux, et qu’on ne reprend jamais bien loin en arrière quand on chute dans le vide.
D’une simplicité désarmante, les contrôles sont très intuitifs. Au début, on n’a accès qu’au saut et au double saut, et à la possibilité de se précipiter vers l’avant quand on est dans le vide. Gaia peut en plus lancer son cœur afin d’activer certaines machines et récolter l’âme des animaux errants, ou projeter une onde de choc verdissant brièvement l’environnement autour de nous. Toutefois, le jeu ne cesse de trouver de nouvelles façons d’utiliser les mécaniques de base en fonction des différentes zones que l’on explore, nous permettant de grimper sur les murs, de faire pousser de la végétation sur les câbles pour les emprunter ou de libérer des passages bouchés par la marée noire, ce qui crée une sensation de nouveauté constante à travers la campagne, qui dure une quinzaine d’heures.
Si le monde d’After Us est généralement désert, il n’est par contre pas exempt de dangers. Un liquide noir gluant duquel s’échappent des tentacules bloque notre route à l’occasion, et il ne faut pas s’en approcher, au risque de se voir avalé. Bien que ce ne soit pas l’emphase du jeu, on retrouve aussi une dose de combat dans le titre, principalement contre des monstres humanoïdes composés de déchets ou encore des grues mécaniques déréglées dont la benne tente de nous écrabouiller. Il y a également une bonne part d’exploration, alors que l’on doit localiser l’esprit des centaines d’animaux à libérer, ou récolter les souvenirs du monde d’antan disséminés un peu partout à travers les tableaux.
Sans rivaliser avec les titres triple A, les graphiques d’After Us sont très beaux, et la direction artistique mise sur la beauté de la désolation, avec des décors jonchés des déchets de l’ancien monde, comme des machines à laver, des réfrigérateurs, des montagnes de pneus, des carcasses de voitures ou d’avions écrasés. L’herbe et les fleurs poussant dans notre sillage créent un effet saisissant, tout comme la luminosité dégagée par notre personnage alors qu’il se déplace dans ce monde sombre et postapocalyptique. Le jeu propose un mode qualité s’affichant en 4K à 30 images par seconde et un mode performance, avec des rendus en 2K doublant le nombre d’images par seconde.
Bien sûr, After Us propose une allégorie à peine voilée sur la façon dont l’humanité est en train de détruire la planète, mais son message ne se fait jamais au détriment du plaisir que procure l’expérience. Il s’agit définitivement d’un des jeux de plateformes les plus intéressants des dernières années.
8.5/10
After Us
Développeur : Piccolo Studio
Éditeur : Private Division, Take-Two Interactive
Plateformes : PlayStation 5, Windows, Xbox Series S/X (testé sur PS5)
Jeu disponible en français
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