L’insécurité alimentaire pourrait frapper davantage dans 22 pays, majoritairement en Afrique, mais aussi en Asie et dans les Caraïbes, indique un nouveau rapport des Nations unies publié lundi.
Selon ce document, rendu disponible par l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), la crise soudanaise, qui déchire présentement ce pays d’Afrique de l’Est, pourrait ainsi déborder dans les pays avoisinants. On y écrit aussi craindre l’impact du phénomène météorologique El Nino, dont l’effet économique et alimentaire est largement sous-estimé, affirment des chercheurs.
Comme le rapporte l’ONU dans une note d’information publiée en ligne, les spécialistes internationaux évoquent d’autres « points chauds », ailleurs dans le monde, où l’impact de la faim est de plus en plus marqué, notamment en raison des crises politiques, en plus des phénomènes météorologiques. « Les conflits, les extrêmes climatiques et les chocs économiques continuent de plonger de plus en plus de communautés dans la crise », écrivent les auteurs du rapport.
Ceux-ci appellent à « une action humanitaire urgente pour sauver des vies ».
« Le statu quo n’est plus une option aujourd’hui si nous voulons parvenir à la sécurité alimentaire mondiale pour tous, en veillant à ce que personne ne soit laissé pour compte » a déclaré Qu Dongyu, directeur général de la FAO.
« Nous devons fournir des interventions agricoles immédiates et urgentes pour aider les gens au bord de la faim à reconstruire leur vie et trouver des solutions à long terme pour s’attaquer aux causes profondes de l’insécurité alimentaire. Investir dans la réduction des risques de catastrophe dans le secteur agricole peut débloquer d’importants dividendes de résilience et doit être intensifié. »
Pour sa part, la cheffe du PAM, Cindy McCain, affirme que « non seulement plus de personnes dans plus d’endroits dans le monde souffrent de la faim, mais la gravité de la faim à laquelle elles sont confrontées est pire que jamais ».
Sans agissements immédiats de la part de la classe politique et des gestes clairs pour lutter contre la crise climatique et faciliter l’accès à des sources alimentaires, « les résultats seront catastrophiques », a-t-elle averti.
Si El Nino frappe durement cette année, prévient l’ONU et ses agences affiliées, les spécialistes prévoient des conséquences importantes pour l’Amérique centrale, ainsi que dans le Sahel et la Corne de l’Afrique, sur ce continent.
La faim empirera au Soudan
Sur la question de la crise soudanaise, où les combats entre les deux camps ont fait des centaines de morts, en plus de jeter 2,5 millions de personnes sur les routes à l’intérieur du pays, et en pousser un million d’autres à l’exil, l’ONU prévoit que la faim sera « aiguë », au cours des prochains mois.
« Les routes d’approvisionnement des marchandises commerciales et de secours à destination et en provenance de Port-Soudan sont perturbées par l’insécurité, mettant en péril les flux d’aide humanitaire et les efforts de secours régionaux », note le rapport.
« Les perturbations des échanges, des activités commerciales transfrontalières et des chaînes d’approvisionnement risquent également de faire grimper les prix et d’épuiser les réserves de change dans plusieurs pays – en particulier au Soudan du Sud – un pays qui dépend également de Port-Soudan pour les importations commerciales et humanitaires, ainsi que pour les exportations de pétrole », ajoute encore le document.
En plus du Soudan, les agences onusiennes tirent la sonnette d’alarme en Haïti, au Burkina Faso et au Mali.
Une économie fragilisée
Autre aspect du rapport : les auteurs prévoient que la situation économique mondiale sera de moins en moins stable, alors que les divers chocs et les facteurs de stress entraîneront un accroissement de la faim un peu partout sur la planète.
Selon le document, les tendances mondiales observées cette année sont la suite de celles constatées depuis l’an dernier, « lorsque les risques économiques provoquaient la faim dans plus de pays et pour plus de personnes que les conflits », notamment en raison de l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
On met également en garde contre la poursuite de la hausse des prix alimentaires, en parallèle d’un accroissement très ralenti de l’économie mondiale : à l’échelle planétaire, le PIB ne devrait progresser que de 2,8 %, cette année.