Dans Douze arpents, son premier roman, l’autrice Marie-Hélène Sarrasin nous emmène en voyage… chez nous. De la banlieue à la campagne, elle installe son héroïne, venue respecter une exigence de sa grand-mère qui lui a légué, pourrait-on dire, un retour à la terre, une redécouverte de ses racines.
Marine et ses enfants vont rapidement s’approprier cette fermette luxuriante qu’ils ont achetée et vont faire leurs, les préoccupations de leurs concitoyens. Plusieurs d’entre eux souhaitent freiner un développement immobilier qui risque de transformer leur petit coin de paradis en banale banlieue, au détriment du calme et de la protection de la nature, du territoire.
Cette inquiétude vécue par les villageois semble être la répétition d’une situation vécue des décennies plus tôt, alors de que des promoteurs, plus ou moins sans vergogne, trafiquaient pour faire passer le chemin de fer à travers les fermes des habitants de St-Didace. À cette époque aussi, la résistance s’était organisée.
Les personnages de ce récit fictif sont souvent caricaturaux. Le curé fait une consommation abondante de vin de messe, les trois commères inventent des rumeurs plus vite que leur ombre, le maire pratique la collusion pour s’enrichir. Mais notre héroïne a les deux pieds sur terre même si sa principale alliée est une voisine hors d’âge qui prend littéralement racine dans son jardin.
Le ton est léger et, même si la psychologie des personnages est peu développée, on prend goût à l’aventure et on veut connaître la suite.
Il s’agit peut-être d’un premier roman, mais il est clair que Marie-Hélène Sarrasin a des lettres. En effet, par son goût de la fantaisie et de la légende elle emprunte délicatement mais sûrement à Jacques Ferron et à Michel Tremblay. Voilà assurément une belle façon de faire honneur à ceux qui nous précèdent et de reconnaître ses racines.
Douze arpents est publié chez Tête première.