Le dédoublement des films dans une même période de temps n’est pas un phénomène nouveau, tant s’en faut; qui se rappelle de Deep Impact et Armageddon, entre autres? Cette fois, plutôt que l’impact cataclysmique d’un astéroïde, le thème est plutôt la violence des talibans, l’omniprésence du sable et les hommes barbus adeptes de violence. Après The Covenant, voici donc Kandahar.
Gerard Butler joue Gerard Butler dans ce film réalisé par Ric Roman Waugh, c’est-à-dire un homme d’un certain âge marqué par la vie qui exprime généralement sa masculinité par l’échec de son mariage et sa propension à utiliser des armes à feu.
Cette fois, Butler est un agent secret de la CIA recherché en lien avec le sabotage d’un complexe nucléaire iranien, et qui est envoyé en Afghanistan pour parfaire cette entreprise de destruction du programme atomique des ayatollahs. Accompagné d’un traducteur – qui a ses propres raisons de retourner dans la région –, il finira par être pourchassé par les talibans, mais aussi par les services secrets pakistanais et les autorités iraniennes.
On aurait pu avoir, ici, un film d’action au rythme effréné où poursuivants et poursuivis sont éventuellement forcés de conclure des alliances temporaires et difficiles pour lutter les uns contre les autres, ou encore surmonter l’obstacle du territoire, ce pays afghan fait de sable et de pierres.
Or, il n’en est rien, ou presque rien. Nous avons plutôt droit à un film extrêmement linéaire, avec des personnages secondaires aux motivations largement sous-exploitées (le « bon » Garde révolutionnaire, le « méchant » agent du renseignement pakistanais, ce traducteur qui souhaitait retrouver une partie de sa famille restée en Afghanistan) et où la principale séquence d’action se déroule par une nuit noire.
Peut-être que sans avoir vu The Covenant, le plus récent film de Guy Ritchie, l’expérience de Kandahar aurait pu être un peu plus intéressante; dans le cas présent, toutefois, non seulement le film pourrait sans peine prendre place dans un « Arabistan » tout aussi générique de fictif, mais les personnages les plus importants, pour nos protagonistes, sont déjà morts ou n’apparaissent pas à l’écran. À quoi bon nous emmener à l’autre bout du monde si c’est pour nous parler de gens qui sont à des milliers de kilomètres de là?
Ennuyeux, mal ficelé et redondant, Kandahar semble s’approprier la question afghane sans même chercher à s’y intéresser sur le plan humain ou philosophique. Un film d’action comme il s’en est déjà fait des centaines, à oublier dans les poubelles de l’histoire.