La candeur du patriarche. Voilà le joli titre du plus récent recueil de récits du prolifique Gilles Archambault, paru dans la collection Récits, chez Boréal. Dans le cas qui nous occupe, le patriarche, c’est l’auteur et c’est de sa propre candeur dont il parle. Bon, ne voilà-t-il pas une gentille mise en abîme quand on constate que quelqu’un parle de sa propre candeur, avec candeur? Passons.
Ces récits de M. Archambault ont beau être postpandémiques, ils ont pour moi la même saveur que ses billets d’humeur radiophoniques que j’écoutais, à l’époque de mon entrée dans l’âge adulte. J’appréciais particulièrement son maniement du verbe et ce que je prenais pour une certaine sagesse, pour un vision philosophique des aléas de la vie.
Dans cet opus, l’auteur affirme régulièrement qu’il ne craint pas la mort, qu’il ne s’inquiète pas de savoir si son œuvre lui survivra. Il y a quelque chose là-dedans qui tient sans doute de la modestie, un trait de caractère qui a toujours été visible chez lui.
La candeur du patriarche est comme une gentille balade au parc du Mont-Royal par une belle journée de printemps, en compagnie d’un de ses grands-parents. On a beau savoir que les propos de l’aïeul s’attarderont davantage sur les histoires passées que sur les développements de l’actualité et les dernières technologies, on a tout fait pour ne pas manquer ce rendez-vous plein de nostalgie.
Si, comme tout le monde, Archambault prend de l’âge, il ne perd pas de sa pertinence. Ses propos sur la disparition inexorable de nos amis et de nos proches âgés sont empreints de résilience mais surtout de tendresse et de reconnaissance. De la candeur, oui il en a et il ne se gêne pas pour afficher ses contradictions : il accepte le vieillissement et les maux qui viennent avec mais il ne souhaite pas habiter en résidence de personnes âgées pour ne pas passer ses journées avec des vieux. Aussi, il s’est dit souvent à lui-même qu’il était temps qu’il arrête d’écrire, s’étonne d’être encore publié, mais triture toujours sa tablette et ses écrits se retrouvent encore sur les… tablettes. Heureusement pour nous!