Poète des temps modernes et créatrice multifacette, Elkahna Talbi alias Queen Ka lançait officiellement son livre Queen Ka sur papier — Anthologie 2005-2020 lors d’une soirée-spectacle présentée au Lion d’Or le 15 mai dernier. Avec cet ouvrage, elle confie au public un chapitre de sa vie et de son cheminement artistique.
Poésie performative, slam, déclamation, performance orale, délire poético-théâtral (comme elle se plaît à le nommer), peu importe l’appellation : les poèmes d’Elkahna Talbi conjuguent mots et prise de parole. Drapée de son nom de scène Queen Ka, l’artiste excelle dans l’art de colorer un sujet avec sa poignante verve. Ce sont plus de 15 années de création qui l’habitent aujourd’hui.
Amoureuse des mots et de la scène, Elkahna Talbi a un parcours riche et diversifié. Outre ses performances scéniques, Elkahna Talbi œuvre comme comédienne. Elle été autrice-collaboratrice à Radio-Canada pour deux émissions (Plus on est de fous, plus on lit et Dessine-moi un dimanche), elle anime des ateliers et participe à des conférences sur l’écriture et l’oralité. De plus, elle a collaboré avec plusieurs artistes d’ici et d’ailleurs, notamment Grand Corps Malade, Samian, Marie-Josée Lord, DJ Champion et bien d’autres encore.
À la fois engagée et libre, Elkahna Talbi a toujours considéré que l’écriture n’était pas suffisante. Elle a besoin d’exprimer de vive voix les mots qu’elle couche sur papier, comme si son art ne devenait complet qu’une fois sur scène. Et comme artiste du slam, elle a contribué à rajeunir l’auditoire de la poésie, la rendant plus accessible, plus directe, plus enracinée dans un langage que les jeunes (et moins jeunes) peuvent s’approprier.
Pourquoi publier de la poésie orale?
Publié par la maison d’édition Somme Toute, Queen Ka sur papier – Anthologie 2005-2020 recense tous les textes issus de quatre spectacles : Délîrïüm, Ceci n’est pas du Slam, Chrysalides et Si je reste.
Les poèmes sont accompagnés de photos inédites tirées de ses performances et le livre contient aussi les affiches de ses spectacles. Elle se raconte également dans d’autres textes qui évoquent sa démarche. Le bouquin comporte en outre des codes QR proposant des supports visuels et sonores tirés de ses spectacles.
De la poésie, elle en a déjà publié. Il s’agit cependant de la première fois que tous ses poèmes expressément conçus pour être déclamés sont réunis dans une anthologie. Elle explique en introduction que puisqu’elle s’était déjà livrée à cet exercice d’écriture fait pour être lu, elle s’est « petit à petit [fait] à l’idée [qu’elle pouvait] laisser vivre [ses] mots à l’extérieur [d’elle] ».
Elle précise que ses « textes n’ont jamais été destinés à être interprétés par d’autres ». Sa poésie est récitée comme une expérience multisensorielle et holistique, avec de la musique, une scénographie, un éclairage, des accessoires. La créatrice a toutefois réalisé que déposer enfin ses mots sur papier, c’est s’ancrer dans la pérennité.
Tantôt légers, tantôt très enracinés dans des enjeux sociaux encore d’actualité, les écrits contenus dans son anthologie sont certes personnels, mais trouveront un écho dans l’existence de ses lecteurs et lectrices.
Ce n’est pas la fin
Cette anthologie, ce n’est pas la fin. Comme elle l’évoquait lors du lancement de son ouvrage le 15 mai au Lion d’Or, il s’agit d’une étape nécessaire, tout simplement.
Ce soir-là, elle a offert une performance unique en déclamant quelques-uns des poèmes tirés de son florilège. Avec la musique de ses deux acolytes Blaise Borboën-Léonard et Stéphane Leclerc ainsi que quelques clins d’œil aux scénographies de ses spectacles passés, Elkahna Talbi a fusionné avec son alter ego Queen Ka.
Ceux et celles qui ont déjà vu Queen Ka sur scène auront l’impression d’entendre sa voix colorée et imagée en lisant cette anthologie. Et pour les autres, il s’agit d’une excellente manière de la découvrir sur papier.