Si les tensions sont particulièrement vives, sur le front ukrainien, au moment où les troupes de Kiev semblent avoir entamé une contre-offensive, à tout le monde une contre-attaque locale dans la région hautement stratégique de Bakhmout (est), le chef des activités humanitaires de l’ONU, lui, plaide pour que les deux ennemis maintiennent l’accord permettant l’expédition des céréales ukrainiennes et d’engrais russes via la mer Noire.
Dans le cadre d’une réunion du Conseil de sécurité des Nations unies, lundi, Martin Griffiths, secrétaire général adjoint de l’ONU aux affaires humanitaires, a plaidé pour la prolongation de cette entente qui doit bientôt arriver à échéance.
Selon M. Griffiths, « le monde regarde », et il faut donc que « toutes les parties assument leurs responsabilités à cet égard ».
M. Griffiths a ainsi rappelé que l’Initiative de la mer Noire, qui a été signée en juillet dernier par la Russie et l’Ukraine sous l’égide des Nations Unies et de la Türkiye, continue d’apporter « une contribution essentielle à la sécurité alimentaire mondiale » grâce à l’exportation de denrées alimentaires d’Ukraine et de denrées alimentaires et d’engrais de la Fédération de Russie.
Depuis l’entrée en vigueur de cet accord, peu de temps après le début des hostilités, plus de 30 millions de tonnes de marchandises ont été exportées depuis les ports ukrainiens, dont plus de la moitié vers des pays en développement, y compris 6 % à destination des pays les moins avancés.
Comme le rappelle l’ONU, ces céréales et autres denrées ont servi à éviter une vaste augmentation de la faim et un bond marqué des prix des aliments dans des pays déjà aux prises avec des problèmes humanitaires, comme l’Afghanistan, l’Éthiopie, le Kenya, la Somalie et le Yémen. De fait, a indiqué M. Griffiths, ces nations ont reçu environ 600 000 tonnes de blé dans le cadre des efforts du Programme alimentaire mondial.
En vertu de l’accord, et grâce à un certain ralentissement de l’inflation à travers le monde, une récente analyse onusienne indique que les prix des céréales ont reculé de 20 % depuis un an. Le mois dernier, les tarifs internationaux du blé étaient à leur plus bas depuis juillet 2021, et il est clair que la production agricole ukrainienne et russe y est pour quelque chose.
« Cela représente un progrès indéniable, mais il reste encore beaucoup à faire. Des approvisionnements prévisibles pour les opérations d’aide alimentaire humanitaire continuent d’être nécessaires », a observé M. Griffiths, qui a noté que l’Initiative fait référence à l’exportation d’ammoniac, mais que « cela n’a pas encore été possible », selon des propos rapportés par l’ONU.
Toujours au dire de M. Griffiths, malgré une « réduction significative des volumes d’exportations sortant des ports ukrainiens de la mer Noire », les Nations unies demeurent engagées dans « des discussions intensives […] afin de parvenir à un accord sur la prolongation [de l’accord] ».
Toujours plus de victimes civiles en Ukraine
Sur le terrain, les bombardements russes sur les zones civiles ukrainiennes se poursuivent; au dire de l’ONU, 23 600 non-combattants ont ainsi été tués depuis le début des hostilités. Et il est clair qu’en raison de l’impossibilité de vérifier l’ensemble du territoire, y compris les zones occupées par Moscou, ce bilan est sans aucun doute inférieur à la réalité.
« De nombreuses communautés le long de la frontière nord-est avec la Fédération de Russie et près de la ligne de front sont encerclées, coupées de l’eau, de la nourriture et des soins médicaux par de violents combats au sol et des routes bloquées », a déclaré M. Griffiths, en parlant d’« impacts humanitaires considérables ».
Près de 3,6 millions de personnes ont reçu une aide humanitaire en Ukraine au cours du premier trimestre 2023. « Cela comprend les personnes recevant une aide en espèces, des soins de santé et un soutien aux moyens de subsistance », mentionne-t-on dans le compte-rendu de la présentation devant le Conseil de sécurité.
Et jusqu’à présent cette année, environ 43 convois inter-agences ont livré des fournitures à 278.000 personnes dans les zones de première ligne, rappelle l’ONU.