Rien, jamais, ne les destinait à se rencontrer. Et pourtant… C’est peut-être ainsi que surviennent toutes les vraies rencontres. Non seulement le hasard s’en mêle, mais la liste infinie de circonstances et motifs improbables. Rosannah quitte la foule des invités à son mariage en Arizona. Henry n’attend plus rien de son existence, cloitré dans sa cabane isolée de tout en Alaska. Et voilà que le miracle opère. Non seulement ils se croisent, mais ils se rencontrent.
Toujours vêtue de sa robe de mariée et chaussée de ses escarpins délicats en satin, Rosannah, dans une sorte de transe dont elle ne contrôle rien, monte dans sa voiture, roule pendant plusieurs jours en mangeant à peine et se retrouve presque de l’autre côté du monde, en Alaska.
Maxim quitte rarement sa cabane solitaire, et surtout pas durant les jours blancs qu’il traverse. Car dehors, le vent et la tempête de neige font rage. Tout est uniformément blanc et couleur de néant. On ne peut pas se diriger, et rien ne distingue même le haut du bas si ce n’est un semblant de reste de force gravitationnelle.
Traces d’étoiles est une sorte de conte moderne, une métaphore de ce que renferment les vraies rencontres entre deux êtres et qui est totalement hors d’atteinte de leurs consciences respectives.
Dans un beau décor de cabane austère, cette jeune mariée à la robe défraichie par les jours de voyage débarque et réveille, au sens propre et figuré, cet ermite qui consacre sa vie à tenter de fuir ses semblables. C’est la stupeur réciproque. Chacun tente de survivre à cette nouvelle situation insolite avec une certaine gêne, mais en se racontant malgré tout par ses mots et ses actes; en dévoilant ses sensations, ses sentiments, ses émotions, son histoire, ses blessures.
Les traces d’étoiles représentent justement ces blessures invisibles faites de doutes, de culpabilité, de regrets, d’incompréhensions de soi-même et des autres, et de souvenirs douloureux de ces moments heureux dont le deuil parait à jamais impossible.
Mylène Mackay et Maxim Gaudette qui incarnent les deux protagonistes sont irréprochables. La pièce de Cindy Lou Johnson, traduite par Maryse Warda est bien construite, trop bien peut-être, à moins qu’on ne la considère comme une métaphore des grandes rencontres possibles entre deux êtres, qui ponctuent nos vies et qu’on ne contrôle pas.
Traces d’étoiles
Une pièce de Cindy Lou Johnson
Traduction : Maryse Warda
Mise en scène : Pierre Bernard
Avec : Mylène Mackay et Maxim Gaudette
Du 9 mai au 10 juin au théâtre du Rideau vert, à Montréal