Autrefois connue sous l’appellation Foire Papier, Plural se réinvente à l’occasion de cette 16e édition se déroulant du 21 au 23 avril 2023 au Grand Quai du Port de Montréal. Outre le nom de la foire qui fait peau neuve, l’événement célébrant le meilleur de l’art contemporain canadien offre quelques nouveautés en plus de se repositionner auprès de ses clientèles.
Présentée depuis 2007, la foire a été mise sur pied par l’Association des galeries d’art contemporain (AGAC), organisme à but non lucratif ayant pour objectif la promotion et la reconnaissance de l’art contemporain au Canada, tout en sensibilisant le public et les collectionneurs aux enjeux actuels du milieu.
Pour sa 16e édition, la foire accueille 49 galeries provenant de 8 villes canadiennes représentant plus de 500 artistes. On a laissé carte blanche aux galeries invitées issues d’une sélection minutieuse de l’AGAC. En plus d’une multitude d’œuvres d’artistes établis et émergents, d’autres exposants accompagnent les galeries sélectionnées : des revues consacrées à l’art actuel, des firmes liées au milieu artistique ainsi que des espaces proposant quelques œuvres tirées de collections d’entreprises, notamment celle de la Banque Nationale, important partenaire de Plural.
Les œuvres ont été présentées en primeur lors de la soirée d’ouverture tenue le 20 avril en présence d’artistes, galeristes, contributeurs, collectionneurs et des professionnels de la culture et des affaires.
Du nouveau cette année
Parmi les nouveautés de cette 16e édition, le plan d’étage du Grand Quai a été entièrement revisité.
En plus de l’immense rez-de-chaussée consacré aux galeries, cette année, le second étage accueille une exposition multidisciplinaire réunissant sept artistes canadiens. Avec comme toile de fond une fenestration surdimensionnée exhibant les splendeurs du Vieux-Port de Montréal, l’exposition commissariée par l’organisme Artch – Art contemporain émergent met en lumière le travail de Michaëlle Sergile, Berirouche Feddal, Audrey Beaulé, Devon Pryce, Maggy Hamel-Metsos, Élise Provencher et Dexter Barker-Glenn.
Conjuguant vidéo, son, dessin et textile, The Hymn of the Warriors of Love (2022 -), une installation de l’artiste multidisciplinaire Rihab Essayh, propose une section onirique conviant au ressourcement à travers l’effervescence de l’événement.
On retrouve en outre un espace consacré aux lauréates et finalistes de la dernière édition des Prix Pierre-Ayot et Louis-Comtois.
En parallèle
En plus d’apporter son soutien au marché de l’art contemporain, l’éducation est également au cœur de la mission de l’AGAC et, par extension, de la foire Plural. Le Forum Plural propose ainsi diverses activités soulevant les enjeux actuels du monde de l’art. À travers des ateliers, visites guidées, tables rondes et entretiens, les intervenants du milieu se pencheront sur divers aspects de l’art contemporain : la place de la relève dans le marché de l’art contemporain, l’emploi de l’intelligence artificielle dans la sphère artistique, la diversité et l’inclusion dans les organisations culturelles, la question de la réparation dans l’art, etc.
Des activités satellites en marge de la foire sont également présentées à l’Édifice Belgo, au Musée des beaux-arts de Montréal, chez Projet Casa, au 1700 La Poste et le Musée d’art contemporain de Montréal propose pour sa part une exposition virtuelle.
La pluralité des œuvres… et des clientèles
Pourquoi ce changement de nom? Au départ vouée aux œuvres sur papier, la foire propose dorénavant d’autres médiums. Cette tangente prise depuis l’édition de 2019 a engendré une réflexion de l’AGAC et de différentes parties prenantes. Le nom Plural a été choisi pour sa simplicité et parce qu’il désigne la pluralité des médiums, des artistes et des galeries présentés. Mieux adapté à la variété des réalisations artistiques exposées, Plural « rassemble et présente la pluralité des voix et des œuvres en art contemporain au pays. »
Autre raison pratico-pratique qui a été soulignée par l’organisme : un souci de bilinguisme. À la fois utilisé en français et en anglais, le mot plural résonnera mieux auprès des galeries canadiennes que représente l’AGAC, mais également auprès des collectionneurs d’un peu partout au Canada.
Par ailleurs, cette transition s’explique aussi par le désir d’attirer des visiteurs susceptibles d’investir dans tous les types d’art affichés durant la foire. En effet, puisque l’événement gagne en notoriété et en prestige depuis quelques années, la directrice générale de l’AGAC, Julie Lacroix, estime que « Plural entame donc son prochain chapitre avec l’objectif de devenir un rendez-vous incontournable à l’agenda de tous les collectionneurs canadiens pour répondre aux visées de rayonner davantage à l’extérieur du Québec. »
De ce fait, le souci de démocratiser l’art n’est plus tant au centre de la mission initiale de l’événement qui privilégie un public surtout formé de collectionneurs d’art. On le voit au coût des œuvres qui a bondi comparativement aux premières années. Julie Lacroix souhaite tout de même préserver l’échelle humaine de la foire et favoriser la découverte de pratiques artistiques, notamment celles des artistes émergents.