Les Montréalais et Montréalaises épris de Lettres s’en souviendront : il y a 25 ans, l’écrivaine et éditrice Linda Leith imaginait avec ses complices un festival distinctif ayant le pouvoir de contenir tout courant littéraire et mode d’expression. De l’anglais au français, mais aussi en espagnol, portugais, italien, et hébreu. Un réservoir cosmopolite digne de la métropole.
En pleine ébullition en vue de l’ouverture, Marie-Andrée Lamontagne, directrice générale, programmation et communications s’accorde une brève pause, rétrospectivement, mais surtout passionnément.
Croire en l’encre sur Terre
C’est du 27 au 30 avril que le feu roulant Metropolis bleu se projettera avec comme thème le futur. Quatre jours pour s’esquiver du quotidien, l’esprit séduit par l’avenir et ses promesses. Celles d’un monde sans parenthèses territoriales. Sans langues nouées par l’oppression. Sans pollution entre ciel et terre. Une invitation rare pour les voraces de pages et de dialogues articulés par le livre souverain.
« Metropolis bleu a fait ses preuves en 25 années, l’événement correspond à un besoin réel, à une inscription dans l’économie du festival, aux côtés des autres festivals, sans rivalité aucune », contextualise la directrice générale, également autrice et animatrice. Une constante au fil du temps, chacune des éditions à déroulé le tapis rouge au féminin. Le legs de sa fondatrice et la présence de plusieurs femmes au sein même de à direction l’explique, sans recherche de parité à tout prix. Juste une mise en présence d’auteurs et autrices, naturellement, précise-t-elle. Mieux que tout quota.
Le momentum littéraire du printemps revenu compte sur un public conquis. Des lecteurs et lectrices fervents et curieux intellectuellement qui voient dans le festival un rendez-vous sur mesure pour entendre auteurs et autrices d’acabit international. Un format de stimulation de l’esprit pour les boulimiques de lecture qui prennent d’assaut la librairie Metropolis bleu, évoque allègrement Marie-Andrée Lamontagne, à la barre de la programmation depuis cinq ans. Elle constate qu’un public fidèle et nouveau répond à l’appel cosmopolite dont Montréal est devenue une cité mondialement reconnue dans le milieu littéraire. La popularité de la ville réverbère sur l’attrait du festival, et vice-versa, comme un effet de vases communicants, constate-t-elle, au contact des écrivains qui brûlent d’y être invité.
L’attention à la vie selon Sylvain Tesson
Un pari qui ne cesse de s’accentuer et auquel les plumes contemporaines aspirent. Celle de l’écrivain Sylvain Tesson, figure de proue de l’édition 2023 qui se verra honorée du prix Planète Littérature le 29 avril en direct de l’Hôtel 10. Une triple reconnaissance du Consulat général de France, de la Cole Foundation et du festival Metropolis bleu. L’auteur de Blanc et de La Panthère des neiges se démarque par un donc pour « l’attention à la vie », la plus ténue comme la plus flamboyante mais jamais bucolique, à l’esprit de la directrice du festival.
« Sylvain Tesson est attentif à la vie et à sa complexité, à l’organisation de la société. Un authentique écrivain qui ne s’en laisse pas imposer par l’époque, en quête d’un supplément d’âme, face à la vie qui ne donne pas assez… » Dans ses livres, aucune destination circonscrite ou définitive, juste cette sensation de plonger dans la Nature et vers l’autre comme inconnue. « Il avance à tâtons, sur le plan intellectuel comme littéraire, et sa langue est magnifique! », louange l’admiratrice.
Projections du plaisir de lire
Face au futur de l’événement, la roue opérera selon des rouages avérés. L’art des conversations, l’offre d’ateliers, avec l’ajout du numérique et de ses innovantes possibilités.
Un souhait en forme de rêve? Encore plus de déploiements à l’étranger, accroître les partenariats avec d’autres organisations et festivals littéraires et les relations avec plus de consulats, au-delà de l’Argentine, de la France et du Mexique. Poursuivre sur l’itinéraire Italie, auprès du Festival de littérature de Mantoue. Et lorgner côté Slovénie, après le défrichage heureux d’une délégation d’auteurs québécois. Toujours avec ce penchant résolument cosmopolite.
Mais pour passer de l’idéal à la réalité, l’aspect financier et une valorisation de la discipline littéraire se doivent de coïncider. Et ce, jusqu’aux pouvoirs qui peinent à la tâche, sous-estimant le rôle de la lecture. « Elle est une composante essentielle de l’être humain et de sa formation. Ni seulement fonctionnel, ni uniquement divertissement! Metropolis bleu bénéficie d’une aide publique, mais les coûts pour accueillir les écrivains et écrivaines du monde entier dans une forme convenable ne seront jamais suffisants… »
Animée par un optimisme serein, Marie-Andrée Lamontagne insiste sur le succès du festival, « vaisseau amiral de la Fondation Metropolis bleu » qui lutte contre le décrochage scolaire et l’analphabétisme, auprès des jeunes comme des adultes, en plus de rassembler autour du plaisir de lire et d’écrire.
Festival Metropolis bleu