Les coming-of-age se font par milliers et si certains sont d’une justesse incroyable, on doit néanmoins s’en taper tout plein d’autres qui n’ont rien de neuf à nous dire. Le tout de même sympathique The Edge of Seventeen se tient entre les deux extrêmes, avec juste assez de piquant pour ne pas jeter l’éponge trop rapidement.
En priorisant l’authenticité, la sincérité et la normalité, The Edge of Seventeen se veut cruellement accessible et pour bien des choses il réussit à merveille. Bien sûr, les gosses de riches ne sont jamais trop loin, les grandes débauches non plus, mais grâce à la tout autant énervante qu’attachante Nadine, adolescente en pleine puberté oblige, interprétée avec fougue par Hailee Steinfeld qui nous avait déjà fait le coup dans le mésestimé Begin Again et Pitch Perfect 2 notamment, le film trouve un centre assez fort.
C’est aussi surélevé grâce à son excellente distribution qui, à l’exception du toujours aussi fade Blake Jenner et du vite agaçant Hayden Szeto, se nourrit habilement de Kyra Sedgwick, la lumineuse nouvelle venue Haley Lu Richardson et, bien sûr, l’irrésistible et toujours aussi juste et hilarant Woody Harrelson qui vaut l’écoute du film à lui seul. Pour le reste, le chemin est beaucoup trop familier et prévisible et on regrette que son ton, principalement axé sur la candeur et la sexualité, ne parvienne pas à nous changer les idées du conventionnalisme de l’ensemble, à l’inverse de l’exceptionnel et toujours inégalé The Spectacular Now.
Certes, pour sa première réalisation et son second scénario, Kelly Fremon Craig mise sur la sécurité, mais finit également par irriter puisqu’au fil des presque deux heures du long-métrage, on finit par réaliser que ce film sur l’adolescence est en fait un leurre. Créé par des adultes pour des adultes, on semble ici essayer de se trouver des justifications tarabiscotées pour mieux s’expliquer les incompréhensions des adolescents. Et, tristement, on finit par regretter que l’univers dépeint ne soit pas davantage insufflé de l’âme pleine de naïveté et de fraîcheur de la jeunesse qu’on aurait dû y trouver en plus grand nombre.
Bien sûr, outre la mort du paternel qui apparaît assez rapidement en ouverture, telle la prémisse de tout bon conte de Disney, histoire de créer un conflit d’intérêts dès en partant et une justification de plus pour mieux en expliquer les problèmes, il n’y a pas vraiment de gros drames. Donc rien pour en faire un The Faults in our Stars, dans le plus conventionnel, ou encore dans le Me and Earl and the Dying Girl, dans le plus extraordinaire. Le ton sarcastique et plus dramatique ne lui permet pas non plus de profiter de l’assurance de The Way Way Back et les prises de conscience n’ont rien du génie de la conclusion de Paper Towns.
Au final donc, The Edge of Seventeen est juste sympathique. Il n’est ni brillant, ni stupide, il passe et s’oublie par la suite. Il essaie de prendre le pouls d’une génération, mais ne semble jamais véritablement le saisir et c’est dans ce mystère ambiant, entre les regrets et l’incompréhension qu’on devra avouer que le film n’aura tristement pas réussi son pari. Restera à voir si son public cible, indécis entre les adultes et les adolescents, ou à essayer comme d’une sortie mère-fille pour en solidifier les liens, saura y trouver son pied.
6/10
The Edge of Seventeen prend l’affiche en salles ce vendredi 18 novembre.
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