En observant le ciel, des moines des 12e et 13e siècles ont consigné, sans le savoir, des traces… d’éruptions volcaniques.
Une équipe de chercheurs de six pays s’est plongée dans la lecture de centaines de textes médiévaux de l’Europe et du Moyen-Orient, à la recherche de références aux éclipses totales de Lune. Il faut se rappeler que, lorsque la Lune est cachée du Soleil par la Terre, elle reste malgré tout faiblement visible à l’oeil nu, dans une couleur tirant sur le rouge. Après une grande éruption volcanique, elle peut complètement disparaître, à cause de la quantité de cendres et de poussières envoyées dans l’atmosphère.
Les chercheurs notent que les moines médiévaux signalaient ces événements. Or, sur les 51 éclipses totales dont on a trouvé une trace dans des documents allant des années 1100 à 1300 et qui ont survécu jusqu’à aujourd’hui, on en trouve 5 où la Lune était « exceptionnellement sombre ». Ces cinq événements correspondent à des années où les carottes de glace et des cercles de troncs d’arbres ont révélé une éruption volcanique majeure.
Leur recherche est parue le 5 avril dans la revue Nature. Elle permet de dater avec plus de précision les éruptions en question, parce que les carottes de glace de l’Antarctique ou du Groenland, bien que constituant les preuves les plus solides d’une éruption — des dépôts anormaux de soufre dans une « couche » précise— permettent au mieux de connaître l’année approximative, mais certainement pas le mois.