Les infirmiers, éboueurs, employés de centres de distribution et autres travailleurs dans l’alimentation, sont nombreux à être sous-payés, affirme l’Organisation internationale du travail (OIT), une agence liée aux Nations unies. De fait, environ le tiers (30 %) de ces travailleurs, qui ont pourtant joué un rôle clé pendant la pandémie, subissent des conditions de travail inadéquates.
Dans un nouveau rapport, l’OIT appelle ainsi les différents pays du globe à « améliorer leurs conditions de travail et leurs revenus afin de refléter pleinement la contribution de ces travailleurs clés à la société et leur importance dans le fonctionnement quotidien des économies ».
Toujours au dire de l’OIT, ces travailleurs font face à plusieurs obstacles, notamment la pénurie de main-d’oeuvre, des salaires plus bas et des horaires de travail plus longs, entre autres problèmes.
« Valoriser les travailleurs clés, c’est s’assurer qu’ils reçoivent un salaire adéquat et qu’ils travaillent dans de bonnes conditions », a déclaré le Directeur général du Bureau international du travail (BIT), Gilbert F. Houngbo, dans des propos publiés sur le site web de l’ONU.
La différence financière est claire, aux yeux de l’OIT : les travailleurs essentiels gagnent, en moyenne, 26 % moins d’argent que leurs collègues. Dans le secteur de l’alimentation, la situation est encore pire : c’est près de la moitié (47 %) des employés qui sont mal payés. Quant au secteur du nettoyage et de l’assainissement, particulièrement important dans le contexte pandémique, la proportion de travailleurs recevant un salaire inadéquat est de 31 %.
L’agence onusienne précise d’ailleurs que dans les pays riches, entre autres, la plupart des employés de ces secteurs de l’économie sont des migrants. Des migrants qui, bien souvent, n’ont pas nécessairement conscience de leurs droits ou qui, faute de qualifications, doivent se contenter de ces postes exigeants, parfois dangereux, et moins bien payés.
« Les travailleurs de la santé, les caissiers de supermarché, les livreurs, les postiers, les marins, les nettoyeurs et les autres personnes qui fournissent de la nourriture et des produits de première nécessité ont continué à faire leur travail, jour après jour, même au plus fort de la pandémie, souvent au péril de leur vie », a ajouté M. Houngbo.
Un phénomène généralisé
Pour tracer le portrait de la situation, l’OIT a compilé des données provenant de 90 pays : on apprend ainsi que plus de la moitié des emplois sont occupés par des travailleurs essentiels; dans les États riches, ce taux passe à 34 %.
Autre mauvaise nouvelle pour ces employés, dans un cas sur trois, leur contrat de travail est temporaire, ce qui peut encore fragiliser la situation des travailleurs, qui pourraient hésiter à l’idée de dénoncer de mauvaises conditions de travail, de peur de perdre leur emploi. Et dans l’industrie alimentaire, écrit l’OIT, la proportion de contrats temporaires atteint presque 50 %.
« Selon le rapport, plus de 46 % des employés clés des pays à faible revenu travaillent de longues heures. Les longues heures de travail sont plus fréquentes dans les transports, où près de 42 % des travailleurs clés du monde entier travaillent plus de 48 heures par semaine. Une part importante des travailleurs clés dans le monde ont également des horaires irréguliers ou de courtes heures de travail », indique encore l’Organisation internationale du travail.
Pour s’attaquer à ces problèmes, ainsi qu’à celui de la mortalité plus élevée pour certaines catégories de travailleurs essentiels, l’agence internationale recommande notamment d’investir dans « les infrastructures, la capacité de production et les ressources humaines ».
Il est aussi fortement suggéré de consacrer davantage de fonds aux systèmes de santé et d’alimentation, histoire d’éviter de devoir faire appel à une main-d’oeuvre toujours plus précarisée.
De ce fait, l’OIT recommande d’accroître les salaires et d’améliorer les conditions de travail dans leur ensemble, y compris dans le cadre de négociations collectives.
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