Ça y est! Il se pourrait bien que Marvel ait finalement atteint le fond du baril avec un nouvel opus d’une médiocrité accablante semblant tout droit sorti de ce qui aurait jadis été une série Z reléguée aux fonds des allées. Nul besoin de vous dire que cet Ant-Man and the Wasp : Quantumania ne pèche pas par intérêt.
Le réalisateur Peyton Reed l’a dit à de nombreuses reprises : lui qui est pourtant reconnu pour ses films souvent légers et largement humoristiques, en avait assez que son apport au Marvel Cinematic Universe (MCU) soit seulement vu comme les petits à-côtés amusants entre quelques films plus « sérieux » et « importants ». On le sait, Ant-Man n’est certainement pas le superhéros le plus connu, surtout si on le compare à des Thor ou des Captain America (on fait d’ailleurs abondamment référence à ce degré de comparaison à des fins humoristiques).
Pourtant, Reed était parvenu à donner du tonus à ce microcosme inédit de possibilités en s’appropriant le projet de cœur d’Edgar Wright et en le rendant sien dans un deuxième opus qui faisait un certain bien. Sauf qu’à l’inverse de ce qu’est parvenu à livrer Jon Watts et sa propre trilogie concernant Spider-Man (seul autre cinéaste à avoir assuré l’entièreté des films solos d’un personnage) le virage plus dramatique convainc très difficilement.
Décision du réalisateur ou commande du studio? Qu’importe, puisque ce qui sert ici pour préparer l’avenir est loin d’être une bonne entrée en matière pour le scénariste Jeff Loveness, qui vient y livrer son premier script. Et on ne peut passer sous silence le fait que cette nouvelle entrée fait table rase de presque tous les éléments qui étaient devenus emblématiques d’Ant-Man, alors que toutes sortes de joueurs majeurs ne sont même pas mentionnés.
Il y avait pourtant, malgré tous ces détails, un certain potentiel à exploiter, car les thématiques sont fortes dans cette quête de place dans le monde (surtout pour ce protagoniste qui est passé de zéro à héros, truand de pacotille désormais sauveur du monde), de regrets et de secrets, et encore plus face à la relation qu’il entretient avec sa fille qui est devenue adolescente sans qu’il puisse la voir grandir.
Sauf que hormis un changement d’actrice sauvage jamais justifié, on passe bien peu de temps à creuser ne serait-ce qu’un peu la psychologie ou la relation de ces personnages. En fait, dans cet essai générique qui montre le pire de la grosse machine qui crache ses chapitres comme des épisodes d’une interminable série télévisée, on ne prend jamais avantage du format cinématographique ou même des possibilités narratives de la durée de l’oeuvre, se contentant de mettre en place des pions pour des suites plutôt que de creuser et travailler ce qu’on a déjà sous la dent.
À ce propos, d’ailleurs, pas de mention à la fin du générique à savoir si les personnages reviendront et même les scènes post-générique n’ont pas d’intérêt pour les protagonistes du film qui les précèdent, ce qui en dit certainement très long!
À ce titre, Jonathan Majors, acteur qui avait déjà amplement fasciné depuis un moment, s’en sort le mieux en demeurant le plus grand intérêt du film.
Après tout, au fil des annonces de ce qui attend l’univers Marvel, on sait que son Kang, personnage d’une méchanceté inouïe, sera le tout nouveau vilain de service pour les prochains films des Avengers. Et de ce côté, l’acteur livre la marchandise en offrant une performance béton qui hypnotise à chacune de ses apparitions.
Ce qui l’entoure toutefois n’est pas seulement risible, il est régulièrement aberrant face à un humour juvénile navrant qui lorgne systématiquement vers le rayon des attardés. Même une opportunité en or comme le personnage de M.O.D.O.K. est finalement gâchée. Cette première véritable incursion dans le Quantum Realm a surtout l’air d’un Star Wars à rabais et on semble avoir définitivement avoir fait le tour quant aux possibilités et aux références face à l’infiniment petit, le très grand et, surtout, l’intelligence des fourmis.
À cela on peut ajouter des visuels sans intérêt, ajoutant à l’ennui, secondé d’effets spéciaux qui laissent largement à désirer. C’est d’autant plus dommage puisque Bill Pope, le nouveau directeur photo recruté pour la franchise, est habituellement fort respectable et, ironiquement, un collaborateur fréquent de Edgar Wright. Sauf que rien ici n’est là pour flatter le regard.
On pourrait se demander largement à quoi tous ceux derrière un tel projet ont pu penser, mais en fait on connaît très bien la réponse. À l’inverse d’un Black Panther : Wakanda Forever qui s’arrangeait pour offrir quelque chose d’imminent personnel et touchant, ici on se contente seulement d’appliquer la formule et de huiler une machine qui n’est plus arrêtable.
Espérons seulement que ce navet permettra de remettre les pendules à l’heure, de faire face à un certain échec et de repousser les grosses têtes à revisiter leurs pratiques et à nous redonner envie de s’intéresser à leurs curieuses bibittes.
3/10
Ant-Man and the Wasp : Quantumania prend l’affiche en salle ce vendredi 17 février. Plusieurs représentations ont lieu dès jeudi.