On peut heureusement constater, depuis quelques années déjà, un mouvemente sociopolitique et culturel visant à favoriser la réappropriation de l’histoire, du mode de vie et des valeurs, notamment, des Premières Nations par ces dernières. Laissez-nous raconter, une minisérie documentaire en quatre épisodes diffusée sur Radio-Canada, fait partie de ce fascinant corpus.
Réalisée par Kim O’Bomsawin, elle-même autochtone – plus précisément abénakise –, la série se décline en autant de thèmes que de parties : le territoire, l’identité, la spiritualité et la réparation. Tout autant d’aspects, si l’on peut dire, de ce qu’est être un membre des Premières Nations au Québec, de nos jours.
Et il faut le souligner d’emblée : la série est magnifique. Mme O’Bomsawin et son équipe ont sillonné le Québec du nord au sud, et bien sûr de l’est à l’ouest, pour visiter des représentants des 11 Premières Nations que l’on trouve encore sur le territoire. Chacun d’entre eux a une vision différente de la vie, de l’histoire, de l’impact de la colonisation, de la relation avec les Allochtones, etc.
Mais tous ont cela en commun de vouloir préserver leur langue, leur façon de vivre; bref, ce qu’ils sont.
Mentionnons aussi que si la série adopte généralement un ton assez positif, il ne faut pas gratter longtemps pour mettre au jour des blessures encore à vif, malgré le passage du temps. Qu’il s’agisse de vieilles trahisons ou de mauvais traitements plus récents, bien des personnes interrogées en ont long à dire sur la façon dont leurs ancêtres, leurs proches ou eux-mêmes ont été mis à l’écart par les gouvernements des Blancs.
Le quatrième épisode, intitulé La réparation, aborde évidemment le très épineux dossier de la réconciliation, mais comme en témoignait ce segment de l’émission Infoman à propos d’une éventuelle réforme de la Loi sur les indiens, en arriver à une société plus juste et plus égale, entre les Premières Nations et les autres peuples qui vivent au Québec et ailleurs au Canada nécessitera des efforts longs et complexes. D’autant plus que, bien entendu, les Autochtones ne parlent pas d’un bloc.
En attendant et en espérant un éventuel vivre-ensemble plus adapté et plus respectueux, Laissez-nous raconter fait le pari d’offrir aux Allochtones une vision claire et riche de la vie des Premières Nations. Et cela, sans prendre le public par la main, ni en l’affligeant de tous les maux. Le pari en question est relevé haut la main, et il serait certainement approprié d’inscrire cette série au curriculum des enfants d’ici, histoire qu’ils comprennent un peu qui sont ces gens qui étaient là avant que les Européens ne débarquent, il y a quelques siècles.