Ce vendredi 20 janvier, à la Maison symphonique, l’Orchestre Philharmonique et Chœur des Mélomanes (OPCM) présentait au public montréalais une version concert de l’opéra La bohème, de Giacomo Puccini. C’est sous la baguette du chef Francis Choinière que s’exécutaient sept solistes, les musiciens et choristes de l’OPCM ainsi qu’un contingent des Petits Chanteurs du Mont-Royal.
L’amphithéâtre de la Maison symphonique permettant une disposition judicieuse des choristes, le public n’a rien perdu de la couleur du chant des deux chœurs, mais il n’a pas pu non plus faire abstraction de l’erreur d’un des choristes de l’OPCM qui s’est mis à chanter une mesure trop tôt!
L’un des défis des versions concert d’opéra est de maintenir l’intérêt du public, sans décors, sans éclairage et, le plus souvent, sans mise en scène. Cette fois, le public avait droit à un minimum de mise en scène (nous y reviendrons), mais ce ne fut pas nécessaire pour garder tout le monde sur le bout sa chaise, d’un bout à l’autre de la représentation : la musique a tout fait!
La mise en scène, des plus frugales, aurait été passablement plus efficace si les spectateurs avaient pu la voir correctement. En effet, les solistes évoluaient sur une estrade située derrière les musiciens. Dès lors, les solistes étaient cachés à la vue lorsqu’ils étaient assis et n’étaient pas tellement plus visibles lorsqu’ils étaient debout. Un effort aurait aussi pu être fait en ce qui concerne les accessoires. En effet, le petit chapeau de Mimi, plusieurs fois mentionné, était représenté par une écharpe. Problème de traduction?
Quoiqu’il en soit, comme je l’ai déjà dit, la musique a tout fait. Si on regarde de près l’argument de La bohème, on constate qu’il n’y a pas de triangle amoureux, pas de meurtre, pas de trahison et, en fin de compte, pas d’intrigue. Et pourtant, il n’y aucune longueur non plus. Il n’y a qu’une constante alternance entre des prestations de qualité de chacun des solistes. Seul le double rôle de Benoît et Alcindoro ne permettait pas vraiment à son interprète de briller.
Christian Wagner, en Marcello, Justin Welsh, en Schaunard et Alex Halliday en Colline ont tous bien fait, avec une belle présence, une interprétation juste et particulièrement dans le cas de Wagner, un jeu investi et convaincant.
Lumineuse Sydney Baedke
Mais ce qu’on retiendra surtout de cette soirée ce sont les prestations dans les deux rôles principaux et la rafraichissante surprise offerte par Sydney Baedke en Musetta. Dès son entrée en scène, cette dernière a tout balayé, tout emporté : on ne voyait plus qu’elle. Baedke semble avoir tous les atouts d’une grande interprète et les premiers rôles ne devraient pas manquer pour elle dans un avenir rapproché.
De son côté, Myriam Leblanc, en Mimi timide comme il se doit, a su moduler son interprétation en fonction de l’évolution des sentiments de son personnage, dans un crescendo parfaitement mesuré. Autant de puissance dans la voix et autant de modestie dans le jeu, c’est là quelque chose qu’on ne voit pas souvent. Leblanc est certainement un des grands soprani du moment !
Quant à Andrew Haji (Rodolfo) disons qu’il est l’archétype du grand ténor. C’est-à-dire qu’il a tout ce qu’on recherche chez un grand chanteur : de la constance, de la puissance, de la couleur, et de la profondeur. Son jeu aurait pu être un peu plus développé, même pour une version concert, mais nous sommes tout prêts à lui pardonner tant nos oreilles se rappellent avec bonheur de sa voix magnifique.
Pour conclure, saluons le très bon travail du chef et de l’OPCM.