Sommes-nous seuls dans l’univers? Cette question éternelle fascine autant qu’elle terrifie. Mais durant les années 1970, l’humanité a tenté, à l’aide d’une série de sondes spatiales, d’imaginer l’existence d’au moins une autre espèce extraterrestre et de tendre la main… si jamais le cosmos écoute notre civilisation.
Créée et mise en scène par Maxime Carbonneau et Laurence Dauphinais, Si jamais vous nous écoutez est une pièce mêlant science, science-fiction et questionnements existentiels. Car cette quête de réponses, à savoir si la Terre flotte seule dans l’immensité galactique, est aussi une réflexion sur notre propre mortalité, sur le fait qu’un jour, que ce soit rapidement ou plus tardivement, l’espèce humaine ne sera plus.
Et donc, l’oeuvre raconte certains pans de cette réflexion à propos de l’envoi, dans l’immensité, de ces deux sondes Voyager; plus précisément, on se penche, sous la forme d’une reconstitution historique, sur la création de ces disques recouverts d’or, logiquement nommés golden records, qui contiennent non seulement des informations sur l’emplacement de notre planète, mais aussi des images et de la musique typiquement terrestres.
À la fois séance explicative, reconstitution et oeuvre un peu plus space (et oui, le gag est certainement voulu, ici), Si jamais vous nous écoutez sort des ornières du théâtre traditionnel et tente d’offrir quelque chose de nouveau, de différent.
L’objectif est-il atteint? Oui et non. Tout d’abord, il ne fait aucun doute que l’équipe de la pièce, les deux créateurs en tête, ont cherché à impliquer le plus possible le public. Ainsi, on proposait, avant le spectacle, d’installer une application mobile qui permettait, en quelque sorte, de créer son propre message pour les extraterrestres, et de choisir un morceau de musique à téléverser dans l’éther galactique.
On a également pris le temps, en début de pièce, de s’adresser directement aux spectateurs. Mais impossible de savoir si cet ersatz d’interaction était véritablement sincère, ou s’il s’agissait simplement d’une partie du script. Si c’est la deuxième option qui prévaut, quel était l’objectif de cette manoeuvre qui n’aura duré que quelques minutes?
Voilà peut-être le principal écueil de l’oeuvre : on a cherché à combiner trois déclinaisons de cette réflexion sur le legs de l’humanité, mais l’ensemble aurait gagné à être plus fluide, peut-être mieux intégré.
La pièce aurait aussi mérité une salle un peu mieux adaptée à ses besoins. Non pas que la scène principale du théâtre Denise-Pelletier ne soit pas jolie, mais elle semblait un peu trop grande pour le nombre de personnes présentes. Est-il démoralisant, pour les acteurs, de constater que la moitié des sièges sont vides?
Ultimement, Si jamais vous nous écoutez propose une expérience théâtrale qui sort très agréablement du moule, mais qui aurait peut-être gagné à repousser davantage le cadre, histoire de véritablement plonger dans l’espace profond.
Si jamais vous nous écoutez
Idée, texte et mise en scène : Maxime Carbonneau et Laurence Dauphinais
Distribution : Robin-Joël Cool, Simon Landry-Désy, Olivier Morin, Evelyne Rompré et Phara Thibault
Au théâtre Denise-Pelletier jusqu’au 25 novembre