Une créature sauvage qui exprime sa tristesse et se met à pleurer. La performance musicale et chorégraphique de Kimberley de Jong et Jason Sharp est une sorte de plainte résignée face à la pollution qui atteint les rivages de plages autrefois désertiques. Comme sur la scène du théâtre de La Chapelle où la performance est proposée, on y retrouve des centaines de canettes multicolores qui finissent par former un filet séparateur entre la terre et l’océan.
Sur sa console numérique, l’artiste entame une musique douce où l’on perçoit des bruits naturels familiers tels que le vent ou le va et vient de l’océan.
En fond de scène, les canettes vides forment des tas désorganisés. L’un d’entre eux semble respirer, s’éveiller doucement, et le choc des parois métalliques entre elles ajoute à l’harmonie musicale.
L’éclairage évoque le temps qui passe, une journée ensoleillée. Puis au crépuscule, une créature émerge peu à peu du tas désorganisé. Elle possède une fourrure à longs poils blancs, une peau qui au fil d’une danse et de secousses, se détache de la créature qui n’en a plus besoin. Sans doute sous l’influence des conditions du milieu, la créature procède-t-elle à cette mue par la chute de son pelage qu’elle laissera sur le sol puis suspendra tel un trophée.
The Day the Wild Cried est une performance chorégraphique où la danse participe à la musique. La danseuse par sa gestuelle ne suit pas seulement la musique de fond, elle y participe grâce à différents capteurs installés sur son corps.
L’ensemble est très beau, doux, harmonieux, presque hypnotique. Différentes manières de participer à la musique sont explorées par la danse, mais aussi par l’usage du micro comme un rhombe ou la participation très directe des canettes elles-mêmes. Des souvenirs d’enfance disent la métamorphose du paysage comme a pu la subir la créature montrée au début de la performance.
The Day the Wild Cried, jusqu’au 28 octobre 2022 à La Chapelle
Chorégraphe et performance : Kimberley de Jong
Son et performance : Jason Sharp
Scénographie et costumes : Sarah Wendt, Pascal Dufaux, Camille Thibault-Bédard
Éclairages : Karine Gauthier