Histoire horrible, mais nécessaire à raconter, la tragédie de la famille Till aurait pu et aurait dû être au coeur d’un film majeur et intemporel, à l’instar d’un Selma ou d’un The Color Purple. Dommage qu’il soit tombé entre les mains d’une cinéaste sensible, mais n’ayant pas tout le talent requis pour donner pleinement vie à cette désolante leçon du passé qu’il ne faut jamais oublier.
Le racisme, qu’il soit systémique ou direct, est encore plus que jamais au cœur des débats et de l’actualité ce qui est certainement des plus déplorable. L’histoire de la famille Till est la représentation même du pire qui peut en découler.
Cette histoire poignante d’un jeune garçon injustement tué dans l’horreur et l’indifférence parce qu’il n’a pas su « bien » se comporter auprès des Blancs a de quoi faire dresser tous les poils du corps. Ce qui s’ensuit pourtant n’a rien d’un conte de fée.
Le film qui nous intéresse s’efforce de raconter l’avant, le pendant, mais surtout l’après, incarnée avec férocité auprès de la présence immense de Danielle Deadwyler, dans le rôle de cette mère endeuillée et dépossédée, prête à tout pour la justice qui devrait lui être dû.
Le hic, c’est que le film souffre de nombreux déséquilibres. D’abord, il y a celui du talent. Si Deadwyler donne tout ce qu’elle a, plusieurs de ses partenaires de jeu, à commencer par le jeune Jalyn Hall (la naïveté incarnée, pour le meilleur et le pire), n’arrivent pas à lui redonner tout ce qu’elle offre et la présence trop courte de Whoopi Goldberg ne parvient pas non plus à rehausser l’ensemble de la distribution.
Il y a également ces visuels pourtant livrés par Bobby Bukowski, qui a eu son lot de beaux projets, qui multiplient de nombreux plans d’une horripilante facture. D’ailleurs, le long-métrage apparaît souvent comme bizarrement anachronique de la manière qu’il est tourné face à l’époque qu’il a pourtant joliment recréée.
Quiconque aura vu Clemency, le film précédent de Chinonye Chukwu, saura aussi que la nuance et la poésie ne font pas nécessairement partie de ses forces et on ressent encore plusieurs malaises auprès de son exécution qui ne va certainement pas de pair avec ses ambitions et ses désirs.
Till demeure néanmoins un film qui mérite d’être vu, parce que ce genre d’histoires issues d’un passé malheureusement pas trop lointain devrait être enseigné à tous, autant dans les écoles que dans le quotidien et non évoquer l’indifférence, mais plutôt l’indignation. Resté de marbres face aux révélation du générique est certainement mission impossible d’ailleurs. Voilà un récit important au traitement qui n’en a pas la même éloquence, un cas classique, mais avec assez de classe toutefois pour ne pas l’écarter, au contraire.
6/10
Till est présentement à l’affiche au cinéma.