Des historiens croient avoir mis la main sur une copie du catalogue des étoiles rédigé il y a plus de 2100 ans par l’astronome grec Hipparque.
On appelle palimpseste le type de parchemin sur lequel ils ont découvert cela : c’est, littéralement, un texte ancien caché en-dessous d’un texte plus récent. Au Moyen âge, la rareté des parchemins avait pour conséquence que des moines effaçaient le contenu d’un parchemin ancien pour pouvoir y écrire leur propre texte. Une technologie moderne appelée imagerie multispectrale permet en théorie de voir en partie le texte effacé.
Le catalogue céleste d’Hipparque est la plus ancienne tentative connue de recension de l’ensemble des objets célestes. Les Babyloniens, un millénaire plus tôt, avaient mesuré la position de certaines étoiles en fonction des constellations. Mais Hipparque avait été le premier à leur attribuer une position précise, et surtout à essayer de cataloguer le ciel au complet. On connaît l’existence de cette « carte » depuis des siècles, parce que certains de ses contemporains y ont fait allusion, incluant l’astronome Ptolémée qui, trois siècles plus tard, y faisait référence dans son propre traité sur les mathématiques et l’astronomie (l’Almageste). Mais depuis le Moyen âge, nul n’a mis la main sur un exemplaire.
Le parchemin en question provenait du Monastère Sainte-Catherine, dans la péninsule du Sinaï. Une grande partie de ses 146 « feuilles » (ou folios) se trouvent aujourd’hui au Musée de la Bible de Washington, et elles contiennent le Codex Climaci Rescriptus, une série de textes syriaques écrits au 10e ou au 11e siècle.
On savait effectivement qu’il y avait un texte « en-dessous » : c’est depuis 2012 que des étudiants tentent d’en déchiffrer certaines des feuilles, mais on présumait qu’il s’agissait d’un autre texte de l’époque chrétienne. Il a fallu que l’un de ces étudiants finisse par identifier un passage en grec pour qu’on se rende compte que le texte caché était peut-être encore plus ancien.
Au final, écrivent les trois auteurs d’un article publié le 18 octobre dans le Journal for the History of Astronomy, neuf des folios ont révélé du contenu relié à l’astronomie, incluant un poème, et surtout, les coordonnées des étoiles de la constellation Corona Borealis. Bien qu’on ne puisse pas avoir la certitude que l’auteur était bel et bien Hipparque, la façon dont les données sont présentées renvoie à ce qu’on connaît de son catalogue, et la position des étoiles dans le ciel renvoie au 2e siècle avant notre ère, soit le moment où il a vécu.