Une étude portant sur des millions de tweets a révélé que les élus républicains, au Congrès américain, partagent de plus en plus de nouvelles provenant de sources douteuses, comparativement à leurs homologues européens.
Les travaux, publiés dans PNAS Nexus et dirigé par l’Université technique de Graz, en Autriche, et l’Université de Bristol, au Royaume-Uni, démontrent que les élus républicains partagent bel et bien davantage de liens vers des sites jugés « indignes de confiance ».
Comme le rappellent les chercheurs, il est largement reconnu que ce que les politiciens partagent sur les médias sociaux aide à définir les perceptions et les opinions du public. Les conclusions des travaux sont particulièrement pertinentes, écrivent-ils, alors que les élections de mi-mandat auront lieu dans un peu plus d’un mois, en novembre, et qu’une grande partie de la campagne se déroule sur les médias sociaux.
La principale autrice des travaux, la Dre Jana Lasser, affirme que « la quantité d’informations douteuses partagées par les politiciens sur ces plateformes est perçue comme étant en hausse. Nous voulions accoler des chiffres à cette réalité, alors nous avons analysé des millions de tweets écrits par des politiciens américains, britanniques et allemands ».
L’équipe a ainsi recueilli plus de 3,4 millions de messages publiés sur la plateforme entre 2016 et 2022. Plus spécifiquement, on a ainsi recensé 1,7 million de tweets des représentants et sénateurs américains, 960 000 des députés britanniques, et 750 000 des élus allemands. Les liens contenus dans les tweets ont été comparés avec une base de données provenant de la compagnie News Guard, qui évalue la crédibilité et la transparence des sites de nouvelles par rapport à neuf critères journalistiques et identifie des détails importants à propos des propriétaires des sites, leur financement, leur crédibilité et leurs pratiques en matière de transparence.
Les conclusions indiquent que les membres du Parti républicain, en particulier, ont largement partagé plus de liens vers des sites jugés « douteux » et « indignes de confiance » au cours des ans. Comparativement à la période de 2016 à 2018, le nombre de liens vers ces sites a doublé au cours des deux dernières années.
Selon la Dre Lasser, « en général, les membres des partis de droite, dans tous les pays étudiés, ont partagé davantage de ces liens, mais seuls les républicains révèlent une augmentation aussi importante. Dans les autres pays, la proportion (de liens douteux) est demeurée stable ».
Plus spécifiquement, le pourcentage de liens douteux publiés par les républicains est passé de 2,4 % à 5,5 %, entre les périodes de 2016 à 2018 et de 2020 à 2022.
En tout, les élus républicains du Congrès publient environ neuf fois plus de liens douteux que leurs opposants démocrates, dont seulement 0,4 % des liens menaient vers des sites indignes de confiance.
En Europe, les parlementaires sont encore moins portés à rediriger vers ces fausses nouvelles. Même chez les conservateurs, à peine 0,25 % des liens publiés par les « Tories » britanniques, et 0,18 % des liens partagés par les députés de la CDU et la CSU, les chrétiens-démocrates allemands, étaient indignes de confiance.
Le seul parti européen dont le niveau de fiabilité des liens, sur Twitter, s’approche de celui des républicains, est Alternative pour l’Allemagne (AfD), un groupe d’extrême droite.
Selon le professeur Stephan Lewandowsky, qui a lui aussi collaboré à l’étude, « les politiciens font partie de l’élite éduquée; leur comportement sert de compas, en quelque sorte, pour déterminer ce qui est socialement acceptable, et ce qui ne l’est pas. Lorsque les gens faisant de la politique publient de plus en plus de désinformation ou des nouvelles provenant de sources qui ne sont pas fiables, je crois que cela est franchement problématique ».
« Malgré leur notoriété et leur importance, il est donc important de se montrer sceptique par rapport aux informations partagées par les politiciens et de remettre leurs sources en question. »