Adapté d’une nouvelle de Joe Hill et réalisé par Scott Derrickson, à qui l’on doit le très lugubre Sinister, le long-métrage The Black Phone, disponible cette semaine en 4K, Blu-ray et DVD, a tout pour plaire aux amateurs de films d’horreur.
Suite au suicide de son épouse, Terrence Blake élève seul ses deux enfants. Les liens entre le frère et la sœur sont particulièrement forts, comme si Finney et Gwendolyn étaient soudés par la violence et les coups de leur père alcoolique. En cette année 1978, les kidnappings d’adolescents, commis par un criminel que les médias ont surnommé « L’attrapeur », se multiplient dans le quartier modeste de Denver que la famille habite. Déjà cinq jeunes manquent à l’appel quand, un jour, c’est au tour de Finney d’être enlevé par cet homme au volant d’une camionnette noire. Dans la cave où il est enfermé se trouve un téléphone noir. Bien que le fil soit arraché, la sonnerie se fait entendre. Au début, il n’y a que de la friture sur la ligne, mais peu à peu, les personnes enlevées avant lui, et présumément mortes, se mettent à lui parler, lui prodiguant des conseils pour qu’il parvienne à s’évader. Cette aide surnaturelle sera-t-elle suffisante pour que Finney échappe au sort qui l’attend?

Scott Derrickson a réalisé le premier Doctor Strange, mais surtout Sinister, qui est, à mon avis, le meilleur film d’horreur des dix dernières années. Mes attentes étaient donc élevées pour The Black Phone, son plus récent long-métrage (d’autant plus qu’il s’agit d’une adaptation d’une nouvelle de Joe Hill, un auteur talentueux marchant dans les traces de son illustre père Stephen King), et je dois avouer que je n’ai pas été déçu par le long-métrage. Malgré son nom peu accrocheur, « L’attrapeur » constitue un vilain inoubliable au look iconique, avec son masque de démon au rictus figé. Comme c’est souvent le cas des histoires d’enlèvements d’enfants, le scénario est intense, mais évite surtout les formules convenues et les clichés habituels de l’horreur pour créer une œuvre vraiment originale. L’intrigue débute de manière très terre-à-terre, mais peu à peu, le surnaturel s’insinue au sein du récit. La relation entre Finney et sa sœur Gwen apporte en plus une dimension très humaine, et très touchante, à l’ensemble.
Reconstitution d’époque sans failles, couleurs terreuses et utilisation d’images granuleuses évoquant les films Super 8 : on pourrait croire que The Black Phone a été tourné à la fin des années 1970 si ce n’était de sa résolution en haute définition. Bien que la majorité du long-métrage se déroule dans une cave mal éclairée, les scènes en extérieur sont réussies, notamment celles du quartier ouvrier placardé d’avis de recherche, qui ajoutent au sentiment de menace constant planant sur l’intrigue. Pour la première fois, Ethan Hawke incarne un vilain, ce qu’il devrait faire plus souvent, puisqu’il est absolument terrifiant dans le rôle. Portant un masque la plupart du temps, il communique efficacement l’émotion uniquement par ses yeux et sa voix. Mason Thames, qui incarne le personnage principal de Finney Blake, livre une performance agréablement surprenante pour un jeune acteur. Même chose du côté de Madeleine McGraw, très attachante dans la peau de Gwen, sa sœur aux dons de voyance.

La version Combo-Pack de The Black Phone inclut le film sur disques Blu-ray et DVD, et contient un code pour télécharger une copie numérique. En plus de deux scènes retirées du montage et d’une piste de commentaires du réalisateur, on trouve une bonne quantité de matériel supplémentaire. Le co-scénariste C. Robert Cargill et les acteurs Mason Thames et Ethan Hawke parlent du personnage de « L’attrapeur » dans une première revuette. Une autre aborde les défis d’adapter la nouvelle de Joe Hill, inspirée par l’histoire John Wayne Gacy, et de l’emphase de ce récit, mise sur de jeunes protagonistes. Un troisième document est consacré à la reconstitution d’époque, et à la conception du fameux masque, créé par Jason Baker et le légendaire Tom Savini. Une dernière s’attarde au choix de filmer certaines séquences en Super 8. Un court-métrage fort intéressant de douze minutes de Scott Derrickson, intitulé Shadowprowler, complète le programme.
Sans être aussi bon que Sinister, The Black Phone est tout de même supérieur à la moyenne des long-métrages du genre. Porté par un scénario original, une réalisation subtile, ainsi que des performances solides de Mason Thames et Ethan Hawke, il s’agit assurément d’un des meilleurs films d’horreur de l’année.
7.5/10
The Black Phone
Réalisation: Scott Derrickson
Scénario: Scott Derrickson et C. Robert Cargill (d’après la nouvelle de Joe Hill)
Avec: Mason Thames, Madeleine McGraw, Ethan Hawke, Jeremy Davies, E. Roger Mitchell, Troy Rudeseal, James Ransone et Miguel Cazarez Mora
Durée: 103 minutes
Format : Combo Pack (Blu-ray, DVD et copie numérique)
Langue : Anglais, français et espagnol