À l’approche des élections en Islande du 29 octobre, samedi prochain, le webzine Reykjavik Grapevine a rencontré les représentants des sept partis pour leur demander quelles sont leurs idées afin de changer l’Islande en mieux?
De prime abord, l’envoyé spécial du Monde diplomatique, Philippe Descamps s’est rendu sur l’île polaire afin de saisir les enjeux de cette élection pour le numéro de septembre. Les conservateurs du Parti de l’indépendance, qui ont dominé la vie politique depuis l’indépendance en 1944 jusqu’en 2009, ont trahi leurs promesses électorales en écrivant à la Commission européenne en mars 2015 pour que l’Islande « ne soit plus considérée comme candidate » à joindre l’Union européenne ( UE ).
Comme les électeurs s’attendaient à se prononcer sur la question lors d’un référendum, le mécontentement général a entraîné l’émergence du nouveau parti de centre droit Viðreisn, et propulsé le Parti pirate promouvant la démocratie directe à plus de 40% des intentions de vote, rappelle l’envoyé spécial. Même si cet appui à diminué à 20%, il a remonté par la suite. Selon un sondage de Social Science Research Institute publié par Reykjavik Grapevine le 21 octobre, les Pirates dominent à 22,6% les intentions de vote contre 21,1% pour les conservateurs.
Le 29 octobre, les Islandais devront choisir entre la continuité de la tradition ou de donner du sens aux changements avec les Pirates et leurs idées actuelles. « Dans les Constitutions, le respect de la vie privée est érigé en droit fondamental; pourquoi cela n’est-il pas appliqué à l’Internet ? D’un autre côté, et alors qu’il serait beaucoup plus facile aujourd’hui de donner accès aux informations d’intérêt général, pourquoi est-il si difficile d’obtenir le droit d’éclairer les zones obscures où se tapit la corruption ? », affirme Birgitta Jónsdóttir à l’envoyé spécial.
Coalitions
Le webzine Reykjavik Grapevine a posé trois questions aux représentants de tous les partis de la campagne électorale. Notre attention s’est arrêtée sur les idées proposées par les cinq partis moins connus qui devraient former des coalitions avec les Pirates ou les conservateurs.
- Viðreisn ( centre-droit )
Ce parti va baisser les taux d’intérêt en fixant la couronne islandaise à une autre devise, comme l’euro. Ses membres veulent plus de coopération internationale, dont l’Europe, mais l’accession à l’UE doit être déterminée par un référendum. Ce parti va réformer la politique de l’agriculture nationale pour offrir aux consommateurs plus de liberté de choix, ainsi que faciliter l’accès au travail et aux études pour les nouveaux arrivants.
- Alliance sociale-démocrate (centre–gauche)
Leur priorité est de reconstruire le système de santé en fournissant plus de fonds aux hôpitaux et aux centres hospitaliers à travers le pays et en incluant davantage les services psychiatriques à la base du système. Ils veulent également réparer le marché de l’immobilier en augmentant le nombre de logements locatifs à 5000 pendant le prochain mandat, dont 1000 appartements pour étudiants, en supportant autant les locataires que les propriétaires. Ils veulent aussi aider les gens qui ne disposent pas suffisamment de fonds pour leur premier paiement de leur premier appartement. L’Alliance veut aussi réformer les pêches, l’éducation et le système bancaire.
- Bright Future (centre)
Fondé par des gens terre-à-terre dont la vie et le travail quotidiens servent le pouvoir comme les professeurs, les policiers et les travailleurs sociaux, ce parti veut s’assurer que les décisions politiques soient prises en fonction de ce qu’il y a de mieux pour la majorité et non pour l’élite. Ses membres veulent des réformes extensives pour le secteur bancaire et pour l’impôt des citoyens, plus de transparence au niveau du gouvernement et une augmentation de la démocratie directe par le retour des assemblées nationales de 2009 sur les réformes constitutionnelles.
- Parti vert-gauche (gauche)
Ce parti met l’emphase sur le renforcement des systèmes de santé et d’éducation, ainsi que sur la rénovation d’infrastructures incluant celles qui nécessitent d’accommoder le nombre croissant de touristes. Pour financer ces réformes, ses membres ne veulent pas augmenter les impôts des citoyens. Leur but est d’imposer davantage les profits des industries qui exploitent les ressources naturelles qui appartiennent à la collectivité.
- Parti progressiste (centre–droit)
Ce parti travaille à augmenter l’égalité en diminuant les impôts des plus pauvres et en augmentant les impôts des plus riches; à augmenter le budget des allocations au système de santé; à s’assurer que les retraités reçoivent des prestations en accord avec le salaire minimum; à taxer les super bonus pour les banquiers et l’élite dirigeante; à supporter le système d’aide sociale comme un tout.
Manifestations
Militant pour le Left-Green Party, l’artiste Ragnar Kjartansson qui a exposé au Musée d’art contemporain de Montréal ( MAC ) du 11 février au 22 mai, a conçu une vidéo post-moderne pour la campagne électorale. « Nous au Left-Greens Party comprenons l’importance de l’art et de la culture dans notre pays », affirme l’artiste dans la vidéo. « Une vie culturelle différente et vibrante a de la valeur pour nous tous, et c’est un signe d’un épanouissement sociétal », poursuit-il. À cause de la nudité, les médias sociaux Facebook et YouTube ont rapidement retiré la vidéo provocante de leurs réseaux.
Mardi, les Islandaises à travers le pays ont laissé leur poste à 14h38 pour aller manifester devant le parlement. Dans le cadre d’une journée de travail normale de 8 heures, il s’agit de l’heure à laquelle elles arrêtent d’être payées si elles comparent la moyenne de leurs salaires à celui des hommes. Si les Islandaises ont quitté leur poste à 14h08 en 2005 et à 14h25 en 2010, on peut en déduire que l’équité salariale progresse de 3 minutes chaque année, rapporte Reykjavik Grapevine du 25 octobre.
Après s’être fait dire de perdre du poids, Ýr Jónsdóttir a abandonné la compétition Miss Grand International. « Si vous tenez un concours de beauté international, vous devez au moins être en mesure de voir ces beautés internationales », a-t-elle rétorqué aux organisateurs.
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