L’extrême canicule qui frappe la Chine depuis le mois de juin n’est pas seulement la plus sévère à avoir frappé la Chine, mais pourrait être la plus sévère dans le monde entier.
L’historien de la météorologie Maximiliano Herrera, en arrive à cette conclusion à cause de trois facteurs: l’extrême intensité de la canicule, sa durée hors du commun et la zone géographique couverte. « Il n’y a rien dans l’histoire climatique » récente qui se compare, « même minimalement », avec ce qui se passe en Chine, déclare-t-il mardi dans le New Scientist.
On ne parle en effet pas juste de records de température, comme ces 45 degrés le 18 août dans la métropole de Chongqing, dans le sud-ouest, la plus haute température enregistrée en Chine en-dehors du désert du Xinjiang. Ou comme ces 34,9 degrés le 20 août dans la même ville, la température minimale la plus élevée jamais enregistrée dans une journée d’août. En fait, plus de 260 stations météo ont rapporté leurs températures les plus élevées depuis que ces stations météo existent, selon les médias officiels.
Mais on parle aussi de précipitations si faibles que des dizaines de cours d’eau sont à leurs plus bas niveaux, et que 66 sont complètement asséchés. En certains endroits du plus important fleuve de Chine (et le troisième du monde), le Yangtze, les débits sont au plus bas depuis 1865. Dans l’ensemble du bassin du Yangtze, les pluies sont de 45% inférieures cette année à la moyenne des dernières années.
La production d’hydro-électricité en souffre, entraînant jusqu’à des fermetures de centaines d’usines.
La chaleur et le déficit de précipitations affectent une région allant des zones densément peuplées de l’Est jusqu’aux confins du Tibet en passant par les provinces plus agricoles du centre. En date du 22 août, l’estimation faisait état de 2,2 millions d’hectares de terres agricoles affectées par la sécheresse.
« Je ne vois pas quoi que ce soit de comparable en terme d’intensité, de durée, d’étendue géographique ou de nombre de personnes affectées », juge aussi le météorologue Bob Henson, en entrevue au média Axios.
La canicule, qui dure depuis deux mois et demi, pourrait s’étirer jusqu’en septembre.
Certes, le portrait n’est pas réjouissant ailleurs. L’Europe vit ce qui pourrait être sa pire sécheresse en 500 ans. Les États-Unis et le Mexique sont aux prises avec une sécheresse de plusieurs mois. Mais l’intensité de ce qui se passe en Chine —combiné aux autres événements météo extrêmes des dernières années— semble accélérer les discussions sur l’urgence de réduire les émissions de gaz à effet de serre et d’investir dans l’adaptation aux impacts des changement climatiques en cours.