À travers les États-Unis, les emplois liés à la production d’énergie solaire et éolienne peuvent entièrement remplacer les postes dans les centrales au charbon qui seront perdus, à mesure que les différents systèmes de production d’énergie, chez l’Oncle Sam, cesseront d’utiliser des combustibles fossiles au cours des prochaines décennies, soutient une nouvelle étude de l’Université du Michigan.
En date de 2019, la production d’énergie dans des centrales au charbon employait directement près de 80 000 personnes dans plus de 250 sites répartis dans 43 États américains. La nouvelle étude vient quantifier, pour la première fois, la faisabilité technique et les coûts de remplacement de ces emplois dans le charbon par des postes liés aux énergies solaire et éolienne.
L’étude, publiée dans iScience, conclut qu’il est bel et bien possible de remplacer tous ces emplois, même si les nouveaux postes sont répartis à moins de 75 kilomètres de chaque centrale au charbon qui doit fermer ses portes.
Respecter cette condition, soit le fait de s’assurer que les emplois soient situés dans la même région, ferait grimper les coûts de remplacement de ces postes par la coquette somme de 83 milliards de dollars, ou 24 % du prix total, précisent les chercheurs.
« Ces coûts sont importants, pris séparément, mais sont minimes comparativement aux investissements annuels en matière d’énergie aux États-Unis, soit 70 milliards, et surtout par rapport au prix total de la transition vers des énergies renouvelables aux États-Unis, qui pourrait atteindre 900 milliards d’ici 2030 », mentionne le principal auteur de l’étude, Michael Craig, de l’École pour l’environnement et la durabilité de l’Université du Michigan.
« Nos résultats indiquent que le fait de remplacer les emplois perdus dans les communautés liées aux centrales au charbon viendrait augmenter, de façon modérée, les coûts totaux de la transition énergétique, tout en facilitant une transition beaucoup plus rapide pour l’une des catégories de communautés les plus affectées par ces changements », a poursuivi M. Craig.
Les chercheurs estiment que les décideurs politiques, à l’échelle fédérale, pourraient mettre sur pied un nouveau congé fiscal visant les investissements pour aider à défrayer les coûts du remplacement des postes en production d’énergie via le charbon par des emplois dans le domaine de l’énergie verte.
Un tel crédit ne s’appliquerait qu’aux projets éoliens et solaires qui sont situés près des centrales au charbon visées et qui emploieraient des travailleurs du charbon ayant reçu une nouvelle formation. Le coût de cette formation n’a toutefois pas été évalué.
Puisque le secteur de l’énergie électrique est le plus facile à décarboniser, la plupart des réductions d’émissions polluantes, aux États-Unis, ont eu lieu dans ce secteur, largement en raison du passage du charbon au gaz naturel.
Grands changements à venir
La plupart des scénarios de décarbonisation, aux États-Unis, impliquent la fermeture de la plupart, ou encore l’ensemble des centrales au charbon d’ici 10 à 20 ans. L’énergie produite par ces centrales devra être remplacée à de nouvelles sources d’énergie faibles en carbone. Malgré la croissance rapide de l’énergie éolienne et solaire aux États-Unis, le remplacement des emplois dans le charbon n’avait pas encore été évalué.
Dans le cadre de la nouvelle étude, les chercheurs ont imaginé que l’ensemble des centrales au charbon fermeraient leurs portes d’ici 2030.
Et pour chaque centrale cessant de fonctionner, le modèle nécessite des investissements dans les énergies vertes pour remplacer l’énergie produite et les emplois offerts.
En tenant compte d’une distance maximale, pour les anciens employés du charbon, qui ne nécessiterait pas que ceux-ci déménagent pour occuper leur nouvel emploi, les chercheurs ont constaté que dans la majorité des États-Unis, il serait effectivement possible de remplacer l’ensemble des postes perdus.
De tous ces nouveaux postes, la gestion des activités et la maintenance représenteraient de 57 à 92 % des tâches tandis que la construction n’équivaudrait qu’à une petite partie des postes, indique encore l’étude.
Malgré tout, dans un avenir rapproché, la production d’énergie grâce au charbon continuera sans doute d’être remplacée par un mélange d’investissements dans les énergies vertes et une dépendance encore plus marquée envers les centrales à gaz naturel existantes.