Avec son quatrième tome, intitulé La dernière balle, la série UCC Dolores de Didier et Lyse Tarquin propose un nouveau départ pour son héroïne, l’ancienne sœur Mony, qui troque sa naïveté passée et sa foi religieuse en faveur de deux pistolets, et d’un bébé.
Composé de trois tomes (La Trace des nouveaux pionniers, Les Orphelins de Fort Messaoud et Cristal rouge), le premier cycle de la série UCC Dolores introduisait Mony, une orpheline qui, à l’âge de 18 ans, au moment de quitter le couvent où elle avait passé toute sa vie et de partir à la découverte du vaste monde, s’est vue remettre les clés d’un vaisseau spatial de guerre ayant appartenu à l’infâme colonel Mac Monroe, un homme qui, selon toute vraisemblance, aurait été son père. Après avoir engagé Kash, un dur à cuir alcoolique, comme pilote, le duo s’est retrouvé au beau milieu d’un complot s’étalant sur des décennies. Avec des ennemis persuadés qu’un trésor fabuleux, le glaive de Tassili, se trouvait à son bord, le vaisseau fût pourchassé à la fois par les anciens vétérans de la Confédération et les membres de l’Église des Nouveaux Pionniers. Le long de sa route parsemée de dangers, Mony en a appris un peu plus sur sa conception, et son destin.
À la fin du tome précédent, les scénaristes ont frappé un grand coup et, à la manière de George R.R. Martin, ont tué l’un des deux personnages principaux, Kash, décédé des suites d’une morsure électrique. Quand s’amorce La dernière balle, le quatrième album de la série, Mony dispose d’un nouvel équipage, composé de Tuco, un mécano de guerre Lémur, et de Shaël, l’un des plus redoutables guerrier Rasseth. Le UCC Dolores se dirige vers L’œil du cyclope, un endroit situé au-delà des limites de l’univers connu et d’où personne n’est jamais revenu. On découvre dès les premières pages que, suite à sa seule nuit d’amour passée avec Kash, Mony est enceinte. Elle accouche sur une planète glaciale, où son vaisseau s’est écrasé. Des pillards s’emparent alors du robot à l’intérieur duquel elle a caché sa fille. Armée de seulement quatre pistolets, une trentaine de balles et deux grenades, elle part alors à sa recherche.
Après avoir expliqué les origines de Mony, qui s’avère être un clone conçu par les sbires du colonel Mac Monroe, les scénaristes peuvent enfin se tourner vers l’avenir avec ce quatrième tome. La dernière balle propose un récit linéaire et beaucoup moins dense que celui des albums précédents, avec une histoire se limitant à jeter les bases d’un nouvel arc narratif. La série a toujours mélangé science-fiction et western, et ce côté Far Ouest spatial est encore plus présent maintenant que le UCC Dolores s’aventure en-dehors des limites connues de la galaxie, dans une région du cosmos sans foi ni loi n’ayant jamais été cartographiée. C’est surtout l’évolution de Mony qui retient l’attention. S’étant entraînée au maniement des armes, l’ancienne pucelle dévote est devenue une redoutable guerrière avec le temps, et se transforme carrément en louve quand il s’agit de sauver sa fille des griffes des pillards.
Connu pour son travail sur la série de fantasy française Lanfeust de Troy, le dessinateur Didier Tarquin démontre un talent naturel pour la science-fiction avec UCC Dolores. D’un trait nerveux et dynamique, il esquisse des paysages cosmiques grandioses, s’étalant souvent sur une pleine page ou deux, et des planètes aussi étranges qu’exotiques, peuplées de guerriers chevauchant des corbeaux géants, de pillards aux allures de trolls de l’espace, et de loups extraterrestres aux yeux incandescents. Ce quatrième tome change un peu le ton établi par le reste de la série, en prenant place sur une planète gelée couverte de neige qui, à l’exception d’une sorte de village médiéval niché sur le sommet d’un pic montagneux, semble déserte. Même la coloration est différente, et délaisse les couleurs vives pour des teintes de beige, de vert aqua et de blanc, ce qui détonne beaucoup de l’ambiance des trois tomes précédents.
Bien qu’il ne s’agisse pas du meilleur tome de la série, La dernière balle propose toutefois un nouveau départ pour UCC Dolores, et il sera intéressant de voir comment Mony s’acquittera de son rôle d’aventurière intergalactique et de mère monoparentale dans les prochains albums.
UCC Dolores – Tome 4: La dernière balle, de Didier et Lyse Tarquin. Publié aux éditions Glénat, 48 pages.