Une équipe de chercheurs du Max Planck Institute for Evolutionary Anthropology, du Max Planck Institute for the Science of Human History, de la British School et de la Temple University a mis au jour des preuves de la présence de bactéries pathogènes, dans les dents de certains individus ayant vécu à l’Âge du bronze. Ces pathogènes pourraient expliquer pourquoi deux civilisations de cette époque reculée ont disparu.
Dans leur travaux publiés dans Current Biology, le groupe de chercheurs décrivent ainsi leur étude génétique réalisée sur des dents trouvées à l’intérieur d’une grotte appelée Hagios Charalambos, sur l’île de Crête.
De précédents travaux ont déjà permis de révélé que l’ancien royaume d’Égypte, ainsi que l’Empire akkadien, deux civilisations de l’Âge de bronze, avaient subi un déclin rapide de leur population, il y a plusieurs milliers d’années.
Il a été suggéré que les changements climatiques, combinés ou non à d’autres facteurs inconnus, auraient entraîné ce déclin, qui a également provoqué des dégâts aux infrastructures, une diminution des échanges commerciaux et d’importantes transformations culturelles.
Dans le cadre de la nouvelle étude, les spécialistes ont trouvé des preuves indiquant que des maladies pourraient expliquer ce plongeon.
Pour parvenir à cette découverte, les chercheurs ont étudié des dents de gens ayant vécu il y a entre 2290 et 1909 avant notre ère, approximativement, qui ont été rapportées du site des fouilles en Crête. Les scientifiques ont alors trouvé des preuves de la présence de bactéries se retrouvant généralement dans une bouche humaine contemporaine, le genre de bactéries qui entraîne l’usure et la décomposition des dents.
Mais de façon plus importante encore, on a également trouvé des traces de Yersinia pestis, la bactérie responsable de la peste, ainsi que Salmonella enterica, qui provoque la fièvre typhoïde. Ces découvertes portent à croire qu’une épidémie pourrait être à l’origine du déclin de la population au sein de l’une des deux civilisations, ou carrément chez les deux empires antiques.
Les chercheurs notent toutefois qu’il existe ici une particularité : la souche de Yersinia pestis découverte dans les dents examinées n’était pas la même que celle qui a dévastée une grande partie de l’Europe, plusieurs siècles plus tard. Cette souche plus ancienne a disparu, en fait, tout comme celle de Salmonella enterica qui a aussi été détectée.
Et donc, il est impossible de savoir à quel point ces souches disparues étaient transmissibles, ou mortelles. Malgré tout, les preuves de l’existence de tels pathogènes signifie que les historiens doivent tenir compte de la possibilité qu’une maladie vienne expliquer la chute des deux civilisations importantes.
Les chercheurs suggèrent que de futurs travaux de recherche génétique soient effectués sur d’autres échantillons de cette époque pour déterminer à quel point de possibles infections auraient pu être répandues.